Six ans après la sortie de son dernier album, Yuri Buenaventura est de retour sur le devant de la scène musicale avec un opus plus romantique que jamais, "Amame". A l'occasion de sa venue pour un concert explosif aux Docks 40, notre animateur Benoit Thuret a eu l'occasion de le recevoir en interview, pour un échange en toute intimité.
"Je doute" : les confidences d'un artiste qui avait peur de ne plus être aimé
Yuri commence en partageant ses doutes et ses interrogations concernant le sentiment que l'on peut ressentir quand on n'est plus aimé. Pour lui, cet album, intitulé "Amame", qui signifie "Aime-moi", est dédié à toutes ces personnes qui connaissent l’amour mais qui ne sont pas toujours aimées en retour.
Il confie : "Quand on aime quelqu’un et quand on ne l’aime plus, ou qu’on est aimé et on n’est plus aimé, ou qu’on ne trouve pas l’amour vrai, le grand amour, on se sent comme abandonné." Ce thème traverse tout l'album, qu'il décrit comme son œuvre la plus romantique, bien que paradoxalement, il avoue toujours avoir trouvé le romantisme un peu "idiot", lui qui vient d'une musique plus "contestataire et engagée".
La salsa, une musique "urbaine et agressive"
L'occasion pour l'artiste de revenir sur ses racines musicales, et sa passion pour la salsa, qu'il décrit comme une musique intense et dure, bien loin des clichés auxquels elle est souvent réduite. "On croit que la salsa, c'est quelque chose de très tropical et festif, mais la salsa s’est rencontrée à New York dans une grande difficulté d’exclusion, d’immigration, de pauvreté", explique-t-il, soulignant ainsi la dimension urbaine et agressive que cette musique a acquise dans les rues de New York, où elle s’est mêlée au jazz afro-américain de Harlem.
Il raconte comment, en enregistrant à New York, il a ressenti cette force urbaine : "la salsa est devenue urbaine et agressive." Ce mélange de cultures, entre le lyrisme européen, le mysticisme amérindien et la rythmique africaine, a donné naissance à une musique extrêmement riche, où chaque élément a son importance, et qui reste très chère à ses yeux.
"C'était le microphone de Tony Bennett" : un souvenir éternel
Un amour de la musique, qui l'a amené à vivre une expérience incroyable pour un amateur de jazz et de musique. Lors de l’enregistrement de son dernier album à New York, il a eu l'opportunité d’utiliser un micro qui appartenait à une légende de la musique : "C'était le microphone de Tony Bennett", raconte-t-il avec une émotion palpable, témoignant de l’importance de l’héritage musical.
"Je n'ai pas chanté comme Tony Bennett, mais la sensation était incroyable" - Yuri Buenaventura
Yuri en a aussi profité pour revenir sur sa reprise de la chanson culte de Jacques Brel, "Ne me quitte pas", une version salsa qui a surpris et enchanté le public français : "Je ne savais pas sincèrement que Jacques Brel était si important pour vous.". En reprenant ce titre iconique avec beaucoup de sincérité, Yuri a touché non seulement le public français, mais celui du monde entier : où qu'il aille, on lui demande sans cesse d'interpréter sa reprise sur scène.
Un artiste sur tous les fronts
Au-delà de la musique, Yuri Buenaventura s’engage aussi pour la jeunesse et la culture dans son pays d'origine, la Colombie. Il raconte comment, après avoir connu le succès en France, il est retourné dans son pays pour créer une fondation destinée à soutenir de jeunes artistes locaux. Grâce à lui, des dizaines de musiciens ont pu produire leurs album, et bénéficier d'une formation juridique sur la gestion des droits d'auteur. "On a produit 120 artistes, 120 albums, chaque album de six chansons," souligne-t-il fièrement.
Enfin, l’interview aborde également son travail pour la bande-son de la série télévisée "Pablo Escobar", diffusée sur Netflix, pour laquelle il a composé pas moins de "300 titres". Un artiste touchant et passionnant à écouter, que nous avons été fiers d'accueillir sur nos ondes !