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Chronique Jazz: Autant en emporte le vin

Polars François VIGNES et Thierry GUILABERT : Autant en emporte le vin.

François VIGNES et Thierry GUILABERT : Autant en emporte le vin. Pascal Galodé éditeurs.

 

Ce roman, dont la contenance est plus celle d’une fillette que d’un jéroboam, et qui aurait pu être intitulé Autant en emporte le van, puisque c’est à bord de ce genre de véhicule que se déplace le héros de l’intrigue, est à déguster accompagné d’un Entre-deux-mers frais et d’une assiette d’huitres non transgéniques.

 

Détective privé, Ben Yassouh, un pseudo qu’il utilise au poker, et qui s’exprime à la première personne, débarque sur l’île d’Oléron dans l’intention accessoire de surfer sur les vagues maritimes, mais l’occasion faisant le larron, c’est sur le corps de la belle Maria qu’il va pouvoir barboter. Mais c’est à l’appel de Dolorès qu’il répond. Dolorès est une vieille femme, handicapée et se mouvant en chaise roulante. Elle est aussi la mère de Maria, un amour de jeunesse mariée depuis avec Abel. Abel, son vieux copain, a été retrouvé pendu dans sa cabane d’ostréiculteur. La hauteur entre la traverse du dormant et le pas de porte laisse sceptique notre détective, mais bon il en a vu d’autres. Lorsqu’il rend visite à Dolorès, la vieille dame lui remet en catimini, à l’insu de Maria, un bout de papier qu’il enfouit dans une poche. Abel n’est pas le premier à avoir été retrouvé pendu dans de mystérieuses circonstances. Ainsi un mois auparavant le jeune Jason avait été découvert dans un triste état, dans un sous-bois, le sexe rongé probablement pas des rats, suspendu lui-aussi. Il travaillait chez un ostréiculteur, un naisseur d’huitres. Le détective retrouve avec plaisir Ombredane, un ancien gendarme réformé à la suite d’un incident, une action héroïque. Poursuivant des voleurs, il avait reçu dans les fesses un projectile. Ombredane n’en oublie pas moins son ancienne fonction d’enquêteur public et les deux hommes examinent tous les pistes possibles. Maria lui offre un hébergement dans un mobil-home qu’elle possède, en échange d’un retour de câlin dont avoue-t-elle elle est frustrée, mais durant la nuit le détective entend des bruits suspects. Et se retrouve nez-à-nez avec deux adolescents qui allaient piller le gîte provisoire et peut-être même l’incendier. Selon une rumeur qui enfle de plus en plus, un laboratoire installé sur l’île serait en voie de mettre au monde une huitre stérile, ce qui permettrait aux dégustateurs d’en engloutir en toutes saisons. L’huitre des quatre saisons, ce serait son nom, ayant la particularité de ne pas avoir de laitance en période de reproduction. Mais les véritables ostréiculteurs, ceux qui ont l’âme chevillée à leur profession, n’acceptent pas ce sous-produit Monsanto. Et Abel avait signé une pétition contre ce genre de manipulation, et les deux hommes semblent tenir une piste. D’autant qu’un policier, un vrai, en exercice, amateur de poker au jeu et dans la vie, et un hacker s’invitent dans l’enquête. Alors qu’un Chippendale, qui ne demandait rien passe de vie à trépas.

 

Ce court roman humoristique, laisse toutefois un goût amer dans la bouche, non pas tant dans le déroulement de l’histoire, que dans un petit fouillis dissimulé dans l’intrigue. Et le lecteur pourra à juste raison dire au détective, s’il le peut, qu’il a oublié un élément capital dans son enquête. En réalité, ce roman a été écrit dans la joie et la bonne humeur, et le lecteur, tout comme l’amateur d’huitres et de vin de pays ne se pose pas mille questions sur la provenance des mets qu’il déguste, faisant confiance à celui qui les lui offre, sera emmené dans des chemins de traverse périlleux. Alors, Château Pétrus, non ce breuvage et son contenant est réservé à d’autres fins, mais Côtes de Duras de bonne cuvée, certainement. Et puis quand l’un des auteurs s’appelle Vignes, cela vaut bien une bouteille de Pineau non ?

 

Paul Maugendre 

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