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Jonathan KELLERMAN : Jeux de vilains

Jonathan KELLERMAN : Jeux de vilains (Bones – 2008. Tarduction de William Olivier Desmond).Collection Seuil policiers, éditions du Seuil.

Malgré son nom, Chance Brandt n’en a pas vraiment. Pris sur le fait de tricher lors d’un devoir sur table, il écope d’une punition de trente soirées de travaux d’intérêt général. Il doit remplacer durant quelques heures Duboff, le bénévole qui s’occupe du marais aux oiseaux de Playa, à Los Angeles, un endroit préservé des méfaits de la civilisation. Lorsque peu avant sa fin de service Chance reçoit un appel téléphonique anonyme lui annonçant qu’un cadavre vient d’être déposé près d’une pièce d’eau, il pense que quelqu’un lui fait une farce. Seulement le cadavre existe bel et bien, avec toutefois une main tranchée. L’endroit est apparemment fort prisé car les policiers découvrent trois autres corps, qui gisent dans la boue depuis quelques mois, et possédant en commun le fait d’avoir une main tranchée. L’identité du premier cadavre est rapidement établie. Il s’agit de Selena, jeune femme pianiste qui aurait pu connaitre le succès mais se contentait de servir de professeur à un jeune prodige, Kelvin Vander, dont les parents peuvent se permettre de lui offrir des cours particuliers quel que soit le domaine éducatif. Mais les Vander sont en voyage en Asie et le régisseur, Travis Huck, d’un abord antipathique, reçoit avec réticence les enquêteur, c'est-à-dire Milo bombardé lieutenant en charge des enquêtes spéciales, Moses Reed, un jeune inspecteur, et Alex Delaware, psychologue consultant. Selena avait quitté sa famille cinq ans auparavant ne donnant que rarement des nouvelles à sa mère et ses deux frères. Toutefois la belle Selena n’était peut-être pas si sage qu’il y paraissait car en remontant son passé proche, il s’avère que celle-ci jouait du piano dans des clubs échangistes et des soirées privées. Participait-elle à ces jeux amoureux tout comme le couple Vander ? Simon Vander s’était remarié et avait eu une fille de sa précédente épouse. Une piste à ne pas négliger, d’autant qu’Aaron Fox le frère utérin de Moses Reed, ancien policier reconverti comme détective, s’invite dans l’enquête. Il représente Simone Vander la fille de Vander, et celle-ci semble professer à l’égard de Kelvin une véritable affection. L’identité des trois autres corps est plus difficile à établir mais les policiers parviennent à découvrir qu’il s’agissait de prostituées. Duboff est lui-même assassiné de nuit dans le parc alors qu’il souhaitait vérifier quelque chose, du moins c’est qu’il avait prétendu auprès de son amie Alma Reynolds qui l’accompagnait en voiture. Quant à Chance, qui se conduit comme un adolescent prétentieux et je-m’en-foutiste, il se rappelle avoir vu un inconnu chauve remettre une enveloppe à Duboff, un généreux donateur semble-t-il. Bob Hernandez est un personnage continuellement en manque d’argent et pour essayer de se refaire, il participe souvent à des ventes aux enchères, espérant dégoter l’objet rare qui lui permettrait enfin de régler ses dettes et repartir sur un bon pied. Mais cette fois il semble bien que les dollars qu’il a consacrés à acheter, on ne sait ce qui lui a passé par la tête, le contenu d’un box dont le locataire a oublié de régler les deux derniers mois de location, comprenant un vieux vélo et deux sacs poubelles. Et les sacs ne contiennent que de vieux journaux invendables et une boite en bois d’une essence rare, espère-t-il. Mais ce coffret recèle des os, propres, et dont la reconstitution pourrait former trois mains. Bizarre ! Il se résout à remettre sa trouvaille aux policiers qui devraient en faire un bon usage.

Outre Milo Sturgis et Alex Delaware, l’intérêt se porte sur quelques personnages dont ceux des frères Moses Reed, un Blanc, et Aaron Fox, un Noir, qui ne s’apprécient guère. Leurs rencontres s’effectuent souvent dans des restaurants, ce qui permet de percer un peu leur profil psychologique via leur façon de manger.

Le lecteur est un peu comme le passager d’un véhicule conduit par l’auteur. Au départ, le temps passe vite, comme dans les sorties de ville où l’œil est attiré par de multiples attraits qui se profilent de chaque côté. Puis peu à peu la voiture, le roman, prend son rythme de croisière sur une autoroute balisée et le moteur ronronne, la somnolence s’installe perturbée par de petits écarts qui empêchent de véritablement s’endormir. Le conducteur, le romancier, est bavard, et le voyage s’étire en longueur et en langueur. Puis la fin de la promenade littéraire se profile, l’intérêt est à nouveau sollicité et à la fin du parcours, le voyageur peut se faire la réflexion qu’il a passé un bon moment, pas toujours exaltant, mais agréable quand même. Quant au titre français, il est particulièrement en adéquation car selon l’adage populaire, jeu de main…

Paul Maugendre.

 

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