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Jean-Louis MARTEIL : La chair de la Salamandre.

Collection Blanche & Noire, éditions La Louve.

 

Jean-Louis MARTEIL : La chair de la Salamandre. Collection Blanche & Noire, éditions La Louve.

 

Avant que certains auteurs de fantastique, notamment Richard Matheson, inventent la quatrième dimension, seulement trois étaient répertoriées. De même selon la philosophie naturelle, dont le postulat émis par Empédocle au 5ème siècle avant J.C., quatre éléments constituent le monde, l’Air, l’Eau, la Terre, le Feu, chaque substance présente dans l’univers étant constitué d’un ou plusieurs de ces éléments. Mais n’en existerait-il pas un cinquième ? Une hypothèse imaginée par Jean-Louis Marteil dans son roman, mais que je n’énoncerai pas tout de suite, si éventuellement je dévoile quel est cet élément.

En mai 1221, dans la petite ville de Cahors, l’usurier Bertrand de Vers, qui à l’instar des banquiers de nos jours, vit dans l’opulence, sachant gérer ses affaires sans les confier à des affairistes peu scrupuleux. Il est continuellement habillé d’un manteau noir dont les épaules sont soulignées de chevron d’or. Ce qui l’a fait surnommer par les villageois la Salamandre. Prenant exemple son commis Domenc, essaie de rogner sur les dépenses au profit de son maître, mais parfois les conséquences sont désastreuses. Ainsi alors qu’ils sont proches de leur habitation sur laquelle est appuyé un échafaudage, l’édifice s’écroule, et un ouvrier se tue en tombant. Un accident banal, mais bientôt la rumeur enfle, le vent serait le fautif. Bertrand de Vers réfute cette supposition qui se voudrait affirmation, d’ailleurs il récupère les planches à terre, enfin ce qu’il en reste. Elles sont entreposées dans la cave, et bientôt il acquiert la certitude que l’une d’elle a été sciée. L’usurier en déduit qu’il s’agit d’un sabotage. Quelques temps plus tard, un corps est retrouvé dans l’Olt, la rivière qui traverse la cité cahorsine. Une nouvelle rumeur se propage, l’eau a tué. Le cadavre n’est autre que l’architecte qui avait installé l’échafaudage meurtrier. Bertrand de Vers ne peut s’empêcher de penser que quelqu’un lui en veut, peut-être même à sa vie. Parmi les prétendants au crime il place en haut de sa liste Mattéo Conti, banquier Lombard toujours affublé de son neveu. L’antagonisme entre les deux hommes est bien connu de la populace, malgré les efforts de Domenc de désirer un rapprochement entre les deux familles. Par exemple si Giovanni, le neveu, venait à prendre pour épouse Maurina, la fille aînée de Bertrand de Vers. Une suggestion fortement refoulée par l’usurier. Domenc, outre sa fonction de commis, est aussi l’amant de Pèirone, la jeune femme de Bertrand, mais il va bientôt tomber dans les rets tissés par Braïda, la fille cadette, une jeune délurée qui lui fait comprendre, gestes à l’appui, qu’il ne lui est pas indifférent même si elle veut préserver sa liberté et son indépendance. Quant à Bernat, le fils c’est tout simplement un benêt. Pendant ce temps à Bordeaux, Arnaut d’Albas, l’homme de confiance de Bertrand, est chargé de surveiller le transport sur les gabarres qui font la navette entre les deux villes des barriques de vin destinées à la vente. Mais les incidents s’accumulent. D’abord un fût échappe à ceux chargés de le convoyer, des marins qui lui sont inconnus figurent parmi des hommes d’équipage, d’autres barriques ne contiennent que de l’eau au lieu de la dive boisson, enfin quelques-unes des gabarres manquent à l’appel. Il prend la décision de remonter le fleuve afin de se rendre à Cahors, mais en chemin il s’aperçoit qu’il est suivi par des hommes qui en veulent à sa vie. La terre et le feu seront-ils les autres moyens pour procéder à de nouveaux assassinats ?

Dans ce roman policier historique, qui privilégie l’intrigue s’en s’appesantir sur une description trop appuyée d’une époque, d’une cité et des événements qui s’y rapportent, nous voici ramenés quelques huit cents ans en arrière, au Moyen-âge. Il est évident que certaines figures sont évoquées, telle celle de Simon de Montfort et la répression contre les Cathares, mais cela ne pèse pas trop. L’auteur nous livre un roman à l’humour, noir souvent, subtil et les personnages qui traversent l’histoire sont décrits avec truculence, ne serait-ce que dans les surnoms évocateurs qui leur sont donnés : le gabarrier Rince-fût, le capitaine Mord-bœuf, le tavernier Tranche-tripe ou encore le routier Tape-buisson. Les dialogues sont enlevés, sans être emphatiques, dénués d’un vocabulaire emprunté au vieux français ou au régionalisme ce dont bon nombre d’auteurs s’inspirent alourdissant le récit. En espérant que Jean-Louis Marteil nous délivrera d’autres ouvrages de cette veine, celle d’Alexandre Dumas par exemple.

 

Paul Maugendre

 

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