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Gilles LEGARDINIER : Nous étions les hommes.

Thriller, éditions Fleuve Noir.

Gilles LEGARDINIER : Nous étions les hommes. Thriller, éditions Fleuve Noir.

 

Responsable du service de recherche clinique de neurologie au Royal Edimburg Hôpital, le docteur Scott Kinross s’est plus particulièrement focalisé sur l’étude des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Sa collègue Jenni Cooper travaille sur les calculs statistiques de prévision de basculement et elle pense être parvenue à déterminer un indice fiable approchant les 90%. Et ce soir là elle appelle en urgence Scott, une de leurs patientes étant supposée basculer dans la démence dans un laps de temps assez proche. Le pronostic établi par Jenni est malheureusement fiable et Scott ne peut que constater le basculement fatal. La vieille dame qui ne souffrait que de troubles de la mémoire s’est transformée en malade agressif.

Dans divers endroits de la planète des phénomènes étranges se concrétisant sous forme d’assassinats en série se produisent en cascades. En Sibérie des ouvriers employés dans une mine de lithium deviennent en peu de temps des meurtriers, se tuant les uns les autres sans raison. Seuls deux employés sont toujours vivants, gravement blessés et leur esprit quasiment irrécupérable, et Eileen, une jeune Australienne qui n’était descendue sous terre que depuis peu, a réussi à échapper aux forcenés. Mais elle est traumatisée et ne peut répondre aux questions du docteur Scott qui s’est rendu sur place. Dans le recoin où elle s’était réfugiée figurait une inscription tracée en lettres de sang : Nous étions les hommes ainsi que l’empreinte d’une main. En Alaska un phénomène similaire se produit, dans une école d’électronique, et une trentaine d’élèves s’entretuent. Scott est alerté par un psychiatre de Washington et le transfert d’un survivant est organisé. Le jeune homme est atteint de démence. Une infirmière parvient à canaliser ses émotions. Entre le malade et sa soignante s’établissent des liens plus qu’amicaux, seulement tout se gâte lors d’une expérience. Les policiers qui assistent à l’entrevue entre le malade et son infirmière interprètent mal le geste effectué par le dément et l’abattent.

Scott est sollicité par Greenholm, un vieux monsieur richissime, afin qu’il soigne sa femme. L’homme utilise un stratagème sournois mais il parvient à ses fins. En échange il offre son aide financière et logistique afin que les travaux réalisés par Jenni et Scott puissent se concrétiser sous forme de brevets. Or ces dossiers, explosifs, sont âprement convoités par des associations, des personnes peu scrupuleuses, car leurs travaux et surtout les conclusions auxquelles Scott et Jenni ont abouti, vont à l’encontre de leurs intérêts. Pour certains le progrès est doit être un but mercantile, quelles qu’en soient les conséquences sur l’humanité. Et pour arriver à leurs fins ils n’hésitent pas à employer la manière forte. Heureusement Scott et Jenni vont pouvoir compter sur Greenholm et son bras droit et garde du corps et accessoirement par une cellule de recherche composée de Jésuites.

Gilles Legardinier pose avec lucidité et humanisme le problème des intérêts dans la recherche médicale. Problème divergeant selon qu’il est abordé d’une manière réductrice et rétrograde, financière ou tout simplement dans le but de soulager des malades et leurs familles. Les attitudes, les intérêts, les options diffèrent selon les caractères humanistes, égoïstes, égocentriques, mercantile des diverses parties en présence. Et si Gilles Legardinier nous entraîne dans une fiction, il ne faut pas oublier que parallèlement les semenciers et les laboratoires pharmaceutiques n’hésitent pas à mettre en avant des pratiques fallacieuses. La maladie d’Alzheimer est une des priorités médicales actuellement, et tous les ravages qu’elle provoque ne sont pas encore bien définis. Tout comme sa genèse et son évolution et surtout quels sont les facteurs déclenchant. D’autres problèmes, d’autres pistes sont abordés par Gilles Legardinier, mais si c’est fondamental, il existe autre chose dans ce roman : le ressort principal réside dans l’espoir. En filigrane l’espérance d’un monde meilleur. Une utopie ? Peut-être, sûrement, car le progrès est toujours source d’envies de bénéfices exorbitants. Si le début et l’épilogue du roman sont particulièrement spectaculaires, le corps du récit joue surtout sur l’émotion même si parfois il m’a paru manquer de punch, de traîner en longueur. Je ne voudrais pas clore cette note sur une note négative, car ce roman ne le mérite pas. Au contraire, il mériterait un coup de cœur, dans le sens sentimental évidemment et non dans le sens organique.

 

Paul Maugendre

 

 

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