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Charlie HUSTON : Le paradis (ou presque).

(Six bad things – 2005 ; traduction de André Roche). Seuil Policiers, éditions du Seuil.

 

Charlie HUSTON : Le paradis (ou presque). (Six bad things – 2005 ; traduction de André Roche). Seuil Policiers, éditions du Seuil.

 

Il ne faut pas croire que Hank Thompson se prélasse au soleil, sur une plage du Yucatan, en toute tranquillité. Ce n’est pas un touriste qui profite de vacances laborieusement acquises mais un individu recherché aux Etats-Unis parce qu’il a tué une quinzaine de personnes quelques années auparavant et qu’il a dérobé une importante somme d’argent devant assurer ses arrières. Il se relaxe sur la plage, se sustente et se désaltère – uniquement de l’eau gazeuse car il a arrêté l’alcool – chez son ami Pedro, qui tient un petit resto, et rentre dans son bungalow le soir nourrir son chat Bud. Lorsqu’un jeune homme blond, qui se dit d’origine russe, est attablé au comptoir de Pedro et entame la conversation avec lui, tous les sens de Hank sont en alerte rouge. Mickey, le Russe, lui fait comprendre qu’il sait qui il est, qu’il est recherché par sa famille spoliée par le fuyard. Mais que tout peut s’arranger. Une excursion est organisée vers les ruines de Chichén Itzá, espèce de pyramide, une ziggourat, construite par les Toltèques. Alors que tout semblait s’arranger entre les deux hommes, l’intention malheureuse émise par le Russe de s’en prendre à ses parents énerve Hank qui pousse son interlocuteur. Mickey dévale les marches glissantes et est incapable de se relever, mort sur le coup. Les policiers chargés de notifier les premières déclarations d’accident, selon Hank, ne sont guère convaincus par son innocence. La preuve ils reviennent chez lui pour de plus amples informations et l’un d’eux aperçoit Bud, le chat. Apparemment la présence de l’animal déclenche en lui une réminiscence. C’est le début des ennuis pour Hank. Car les deux fédérales vont tenter de le faire chanter, et grâce à Léo et Rolf, deux hommes qui aident les immigrants Cubains à passer au Mexique, il peut s’en débarrasser. Mais il sait que sa tranquillité est désormais à ranger au placard. Les affidés de la Mafia russe installée aux Etats-Unis sont à sa recherche et pour cela ils ne vont pas hésiter à s’en prendre à ses parents. Hank décide alors de transmettre son magot à un ami, Tim, qui réside à Las Vegas, et de retourner aux Etats-Unis. Le passage à la frontière s’effectue relativement bien mais les embûches vont se dresser sur son chemin. D’abord lorsqu’il veut acheter une voiture à une jeune femme. Il lui remet l’argent demandé mais le compagnon n’apprécie pas cette vente arguant être toujours propriétaire du véhicule. Et en compagnie de ses copains il organise une chasse à courre, mais les policiers californiens sont également aux trousses de Hank. Il revoit enfin ses parents mais son séjour n’est que de courte durée car il doit récupérer son argent auprès de Tim qui ne donne pas de ses nouvelles. Les mésaventures s’enchainent et Hank sème sur son chemin les cadavres comme le Petit Poucet disposait sur ses traces des cailloux. Il reprendra ses mauvaises habitudes, la drogue et la boisson, sous l’influence de T. un dealer, sosie d’Elvis Presley qui vit dans une caravane avec un molosse dénommé Hitler.

Il s’agit ni plus ni moins que d’un road-movie de plus avec pour héros un truand traqué, une combinaison pour une histoire maintes et maintes fois exploitée par les auteurs de romans noirs et policiers. Pourtant Charlie Huston parvient à renouveler le genre en incluant des épisodes sensibles, ou émouvant. Car si les poursuivants de Hank sont tout autant la Mafia russe, des petits truands, de soi-disant amis avides et des policiers hargneux, le moment des retrouvailles avec ses parents apporte un moment attendrissant. Mais les protagonistes semblent issus d’un album de clichés, la jeune fille âgée de même pas vingt ans et mère d’une gamine de cinq ans, les petits malfrats aussi déjantés les uns que les autres, les policiers qui semblent sortis d’un roman de James Hadley Chase, pas toujours très futés, et autres protagonistes. Afin de dissimuler une partie de son passé, d’ancien joueur de base-ball, sport qu’il a été obligé d’abandonner suite à une blessure, il feint s’intéresser au football américain. Et justement ce roman est ponctué par les derniers matchs de l’équipe des Dolphins de Miami, les dernières parties de la saison qui se déroulent de début décembre 2003 jusqu’à Noël 2003. Un roman qui traîne parfois en longueur malgré, ou peut-être à cause de toutes les péripéties endurées par Hank. Quand aux dialogues, ils sont bizarrement écrits. Certaines phrases se terminent brusquement, ponctuées d’un point. Alors qu’en général un point de suspension est utilisé pour montrer que celui qui parle hésite ou change d’idée. Pas bien grave en soi mais il faut s’y habituer.

 

Paul Maugendre

 

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