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Mari JUNGSTEDT : Cercle intérieur

Collection Serpent Noir, éditions Serpent à Plumes.

Mari JUNGSTEDT : Cercle intérieur. (Den inre Kretsen – 2005 ; traduit du suédois par Max Stadler & Lucile Clauss). Collection Serpent Noir, éditions Serpent à Plumes.

 

Les parents ont beau essayer protéger leurs enfants de la vue d’images choquantes, brutales, diffusées par la télévision via les informations et les films, ou par les jeux vidéo, il est des circonstances qu’ils ne peuvent maîtriser. Ainsi lorsque deux gamines découvrent en se promenant un cheval décapité, un animal qu’elles ont l’habitude de voir s’ébrouer dans le pré en compagnie de ses autres congénères, elles restent sous le choc. Le commissaire Knutas, responsable de la sécurité de l’île de Gotland, et les membres de son équipe sont eux aussi interloqués. La tête de l’équidé a été emmenée et il ne reste que quelques traces de sang, comme si celui qui l’a abattu l’avait recueilli. Une affaire embêtante mais pas autant que celle qui va occuper les services de police quelques jours plus tard. Pour Johan Berg, journaliste à la télévision suédoise en poste sur l’île de Gotland, toujours à la recherche d’un reportage inédit, cette information sensationnelle tombe à pic. D’autant que sa collaboratrice, la camérawoman, a réussi non seulement à approcher les gamines mais à obtenir un reportage.

Sur le site archéologique de Fröjel, situé sur la côte ouest de l’île, une vingtaine d’étudiants et quelques membres aguerris sont occupés à mettre à jour les vestiges d’un ancien port viking millénaire. Os, objets précieux, vieilles pièces sont ainsi déterrés patiemment puis transmis au musée de Visby qui les collationne. Un soir une petite fête, bien arrosée, est organisée et le lendemain l’une des participantes à ce stage estival manque à l’appel. Martina Flochten, une Hollandaise dont la mère était native de l’île, a disparu. Tout ce petit monde s’inquiète et Knutas se trouve donc avec une affaire de disparition sur les bras. Les environs sont fouillés, passés au peigne fin, et Martina est retrouvée pendue à un arbre. Le suicide est exclu, car la mort est triple. Martina outre avoir été pendue a été noyée et une énorme balafre raye son abdomen. Les enquêteurs ne possèdent guère d’indices sur ce meurtre, sauf un qui rappelle la décapitation du cheval. Il n’y a pas de sang à terre, comme si celui qui avait perpétré le meurtre l’avait soigneusement récupéré. Ce qui pourrait être un sacrifice rituel. Un véritable casse-tête pour les policiers qui ne sont pas au bout de leurs surprises. Il semblerait que Martina avait une liaison et la solution viendrait peut-être de là. Et les suspicions se portent sur Staffen Mellgren, le directeur du camp archéologique, connu pour ses frasques sauf par sa femme. La situation se corse lorsque l’un des membres en vue du conseil régional, de retour d’un voyage, découvre, dans son abri de jardin, une tête de cheval fiché sur un pieu. Or cette tête ne correspond pas à celle de l’équidé qui avait été décapité. Alors une autre piste se profile. Se pourrait-il que le projet de construction d’un complexe immobilier serait à l’origine de ces affaires ? Une autre occupation s’impose à Johan Berg : la disparition d’objets précieux dans la réserve du musée de Visby.

Personnellement je ne suis guère friand de littérature nordique mais je me dois d’avouer que ce roman m’a réconcilié avec. L’histoire est prenante, les rebondissements arrivent au bon moment, l’épilogue est fort bien venu sans être tiré par les cheveux. Le tout est logique et se lit facilement. Les personnages sont bien campés surtout ceux du commissaire Knutas et du journaliste Johan Berg dont les sentiments pour une jeune femme divorcée et mère de deux fillettes sont souvent contrariés. Ils vivent séparément et pour l’heure il n’est pas question de demeurer ensemble. Pourtant elle attend un enfant de Johan et le journaliste est complètement gâteux lorsque l’enfant paraît. Des scènes sont magnifiques, d’autres superflues, telle celle de l’accouchement de la parturiente, mais peut-être est-ce un exorcisme de la part de l’auteur qui conserve un mauvais souvenir de ses propres enfantements. Je serai plus réservé quant à la traduction, non pas que je connaisse le suédois et donc ai relevé quelques erreurs de transcription, mais je suis resté dubitatif en lisant certaines phrases. Par exemple : « Il posa Elin dans son landau qui se mit aussitôt à crier ». C’est le bébé ou le landau qui crie ? Parallèlement à cette parution Le Livre de Poche réédite Les ombres silencieuses, Sélection 2011 du Prix des Lecteurs. L’action se déroule elle aussi sur l’île de Gotland et nous retrouvons le commissaire Knutas et ses adjoint ainsi que le journaliste Johan Berg.

 

Paul Maugendre

 

 

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