Un palmarès édifiant
A croire qu'il fait une collection.
Après avoir été décoré du titre d'artiste de l'année en 2014, que son album Sfumato ait été récompensé de l'album sensation de l'année en 2017, voilà qu'Émile Parisien décroche un troisième prix aux Victoires du Jazz, avec le trophée de l'album jazz 2024 pour Let Them Cook. Et dans un sens, cela ne surprend personne : à 41 ans, Émile Parisien fait incontestablement partie des révélations du saxophone soprano en France, et plus généralement en Europe.
Quelle belle idée il a eu en intégrant, à l'âge de ses onze ans, la première promotion du Collège de jazz, une école qui fait découvrir cette musique pendant 4 à 5 heures de la semaine auprès de musiciens confirmés. Assez naturellement, sa route se tourne vers la musique de façon professionnelle, et à tout juste 20 ans, il monte à la capitale, gorgé d'espoirs.
Un quartet de gourmets aux fourneaux
4 ans plus tard, il fonde son propre groupe, composé du pianiste Julien Touery, Ivan Gélugne à la contrebasse et du batteur Sylvain Darrifourcq. Avec des morceaux autant inspirés par des compositeurs classiques, comme Wagner, Berlioz ou Stravinsky, les quatre comparses s'amusent à y mêler des références plus jazz, comme les sonorités de John Coltrane ou Wayne Shorter, dont l'album posthume est sorti au début du mois de septembre. Un mariage heureux, qui laisse place à l'improvisation et à l'amitié.
Car oui, dans ce grand cru qu'est "Let Them Cook", le saxophoniste retrouve ses compères, avec un nouveau batteur en la personne de Julien Loutelier. Et on peut dire que, à l'instar d'un bon vin, le quartet se bonifie avec le temps, et que la recette fonctionne. Dès les premières notes, on comprend que la curiosité sera de rigueur, et qu'en allant d'explorations en explorations, le chef Émile Parisien et sa brigade composent un album aux petits oignons, créant leur propre jazz, aux légères intonations électriques.