Laura Littardi a toujours été considérée comme une interprète solaire, mais aussi une grande improvisatrice. Elle était d’ailleurs à l’aise dans tous les registres, plaçant le groove au centre de son art. Grande pédagogue, elle était reconnue par tous. Son décès a donc été annoncé par sa famille, via sa page Facebook. Depuis plusieurs années, elle luttait contre une myosite nécrosante, une maladie orpheline et auto-immune. Et l’annonce de sa disparition a fait l’effet d’une bombe dans l’industrie du jazz. Née à San Remo, dans le nord-ouest de l’Italie, en 1960, Laura Littardi étudie les langues étrangères. Au début des années 1980, elle part vivre à l’étranger. Elle s’affirme très rapidement en tant que musicienne autodidacte, alternant les contrats de travail et les expériences artistiques. À la fin de l’année 1984, elle pose ses valises à Paris et se jette enfin à corps perdu dans la musique. Elle passe alors une année à l’école de jazz parisienne CIM, où elle rencontre de nombreux artistes, tels que le chanteur Thierry Peala ou le pianiste Bruno Angelini. En 2002, Laura Littardi enregistre son premier album solo, “Senza Paura”. Dix ans plus tard, elle sort un nouvel album, “Inner Dance”, un bel hommage aux musiques pop et soul. Elle souhaite même “créer une passerelle vers le jazz”. En 2017, elle revisite Serge Gainsbourg d’une façon très personnelle, avec un disque intitulé “Gainsbourg etc… Featuring Laura L.”. Thierry Peala explique :
“Elle était très contente de cet album. Laura et les musiciens ont pris leur temps, par plaisir et à l’instinct. […] Et ça a donné quelque chose de très beau”.
Mais Laura Littardi n’a pas encore dit son dernier mot !
Une véritable passionnée
En effet, Laura Littardi brille surtout sur scène. Au fil des collaborations, dès qu’elle chante, elle enchante son monde. Mais ce n’est pas tout : elle est aussi une pédagogue reconnue et fait des merveilles avec ses élèves. Ainsi, en tant qu’artiste, enseignante, mais aussi coach vocal, Laura Littardi fait l’unanimité. Le batteur Niko Sarran l’affirme :
“C’est une des plus grandes chanteuses que j’ai été amené à connaître”.
Il ajoute : “Une musicalité à toute épreuve, un swing démoniaque. Nous avons collaboré sur plusieurs albums ensemble. La musique était en elle. Elle fait partie à tout jamais de mon histoire”.
Le bassiste Christian Duperray lui rend aussi un bel hommage :
“Ce que j’admirais le plus, c’est l’ensemble de sa personne. Sa musique provenait du profond d’elle-même. Elle cultivait la sincérité, l’accord avec elle-même, pour ensuite l’adresser, l’offrir aux musiciens et à son public. On peut parler de feeling. Chez Laura, ça allait très loin et son auditoire était toujours très touché. Dans sa pédagogie, c’est la même chose, elle inspirait et proposait d’abord la bienveillance”.
En outre, Laura Littardi était aussi une compositrice très douée. Thierry Peala raconte :
“Très tôt, elle a commencé à développer ses propres compositions. […] Laura allait très loin dans l’harmonie tout en ayant du groove et du soul”.
Il continue : “Elle s’émerveillait de tout. Et elle avait une générosité, un humour… Tous ses élèves le disent, elle avait une grande bienveillance et elle essayait toujours de faire avancer les gens, sans jamais les heurter”.
Le pianiste Benoît de Mesmay explique également : “Elle avait un sens très affiné de la réharmonisation de thèmes qu’elle affectionnait, issus du répertoire du jazz ou de la chanson en général”.
Une cérémonie aura lieu ce jeudi 22 août 2024, à 13h30, à la Grande Coupole du cimetière du Père-Lachaise. Une collecte a notamment été organisée, à cette occasion, pour apporter l’aide dont a besoin sa famille. Nous leur apportons tout notre soutien, dans cette épreuve très difficile.