Avec le projet “Initiation”, sorti en 2024 après une campagne de financement participatif, Sophye Soliveau explore un terrain jusqu’alors méconnu. En effet, son ascendance guadeloupéenne la pousse au métissage musical. D’autant plus que son inspiration est ancienne. Elle vient tout droit des musiques afro-américaines, notamment le gospel, le rhythm’n’blues et le jazz. En réalité, cet album rappelle Nina Simone, ou encore Billie Holiday. Mais il se veut, avant tout, une célébration de la légèreté et de la sagesse. Pourtant, Sophye Soliveau y met tout son cœur, toute son âme, et des émotions à la pelle. Elle le décrit même comme une sorte de “journal intime”. Avec sa voix unique en son genre, et les sons que produit sa harpe, Sophye Soliveau envoûte son public, et bien plus encore. Les fans sont sous le charme. Et cela lui vaut d’être finaliste du Prix Joséphine. Ce concours récompense un album, peu importe son style ou son genre. À l’occasion de cette nouvelle édition, la harpiste se trouve dans le palmarès 2024. Dix albums ont donc été sélectionnés et le verdict sera rendu le 26 septembre prochain. Selon les premières estimations, “Initiation” aurait toutes ses chances de remporter ce prix. Une belle victoire pour Sophye Soliveau, qui ne s’est pas toujours sentie à sa place dans le monde de la musique.
Le choc vocal du soir, sophye soliveau, si vous avez pas un petit frisson c'est que vous n'étiez pas assez attentif. Harpe et voix, superbe https://t.co/lyL0hdxlhq
— Stéphane Burtey (@SBurtey) April 25, 2024
La musique avant tout
Alors qu’elle entre au conservatoire, la jeune femme découvre “une culture qui n’est pas vraiment la sienne”. Elle se souvient même d’une forme de “racisme”, par inadvertance, de la part de ses enseignants. Ils avaient pour habitude de se tourner vers elle, quand étaient abordées des formes musicales associées à sa couleur de peau. Sophye Soliveau explique : “On veut toujours inventer des excuses pour les gens, ce qu’ils font, ce qu’ils disent. Parce qu’on ne veut pas admettre qu’on est vraiment tombé dans ce monde-là, dans ce corps-là”.
Elle ajoute :
“Encore aujourd’hui, je suis dans le déni […] Mais il y a un malaise. Et ce malaise-là, il n’y a pas de mots dessus, du coup, ça met trop de temps à se défaire”.
Face à ces doutes, l’artiste a même décidé de s’éloigner de l’industrie musicale : “Je n’avais plus de harpe. […] J’ai arrêté pendant longtemps, [puis], j’ai recommencé à chanter parce que c’est mon premier lien avec la musique”.
Toutefois, la musique a toujours fait partie de sa vie :
“J’ai toujours chanté, car on chantait beaucoup dans ma famille. J’ai croisé la route de la harpe et c’est devenu mon métier”.
Le projet “Initiation” est né pendant le confinement, alors que Sophye Soliveau louait la harpe d’un voisin :
“Je me suis retrouvée face à moi-même et à mes interrogations, et je n’arrivais pas à travailler dessus. C’est à ce moment que j’ai commencé à écrire les trois morceaux piliers de ce projet : ‘Wonder Why’, ‘Can’t sleep’ et ‘Leave’. Ces morceaux sont venus les uns après les autres et à la fois en même temps”.
Un beau projet, qui parle d’amour.