Jean-Bernard Gilormini, est l'un des fondateurs et le directeur du Festival des nuits de la guitare de Patrimonio qui accueille les plus grands guitaristes de la planète, élément central de la programmation de la manifestation. Pour Jazz Radio, il est revenu sur le programme de l'édition 2024.
Faites-nous découvrir Antonio Rey, présent pour le concert du 18 juillet ?
Antonio Rey, c'est une des plus grosses émotions que j'ai ressenti ces dernières années au niveau flamenco. J'ai pris une sacrée claque. On a pourtant reçu les plus grands du flamenco mais, là, techniquement, c'est certainement le guitariste qui m'impressionne le plus. Il a une technique phénoménale et il y a aussi beaucoup d'émotion dans son jeu. C'est vraiment quelqu'un que j'attends avec impatience. Ce sera le 18 juillet en ouverture de la soirée anniversaire, la soirée hommage aux Wailers qui fête leurs 40 ans de carrière.
Il y aura aussi Tommy Emmanuel, un de vos chouchous qui est déjà venu...
J'aime bien faire découvrir les guitaristes que j'adore et qui n'ont pas la même notoriété que des chanteurs. Ce sont des instrumentistes purs donc leur notoriété est assez limitée. Tommy est pourtant un guitariste hors-norme mais je l'ai chaque fois programmé en première partie de gens comme Zucchero ou Tom Jones. A chaque fois le public n'est pas venu pour lui mais il était pourtant sous le charme. C'est un guitariste incroyable, un showman, il est capable de séduire une salle entière qui n'est pas venue pour écouter de la guitare. Même Tom Jones était ébahi, à tel point qu'il l'avait invité sur scène durant son propre concert pour partager deux morceaux avec lui. C'était un moment rare. Tommy peut jouer du blues, du rock, du jazz manouche. D'ailleurs, il joue le même soir que les Gipsy Jazz Messengers et cela promet des échanges incroyables et sans doute une soirée qui risque de se prolonger très tard dans la nuit !
Vous avez préparé cette soirée avec Thomas Dutronc, que lui avez-vous proposé ?
J'ai connu Thomas tout jeune quand il venait assister aux concerts au premier rang, assis dans l'herbe du théâtre de verdure de Patrimonio. Il a assisté aux grandes soirées manouches où on allait jusqu'à 3h du matin. Et lui se régalait. Je lui ai donc soumis l'idée d'essayer de refaire une nuit comme ça avec plein d'intervenants, avec des gens qui ont envie d'être ensemble, qui ont envie de partager. Ce projet l'a séduit et il a dit oui. Il y aura aussi Fanou Torracinta, un excellent guitariste insulaire qui va pouvoir se frotter aux grandes pointures de la guitare.
Johnny Gallagher sera là le 22 juillet. Lui aussi c'est un habitué.
On a beaucoup d'affection pour ce musicien parce qu'il a du talent, évidemment, et humainement, c'est une merveille. Il a d'ailleurs écrit une chanson sur le festival. La musique est magnifique, les paroles sont émouvantes. On est toujours ravi de l'accueillir.
Il sera sur scène le même soir que Pascal Obispo qui s'est découvert une vraie passion pour le jazz...
Je suis allé l'écouter à Nice et je n'ai pas vu un concert de variété. On a eu des remarques sur les réseaux comme "je ne savais pas que Pascal Obispo était un grand guitariste..." C'est avant tout un grand musicien et ses shows sont un peu bâtis comme des concerts de jazz où les musiciens interviennent beaucoup et ne sont pas juste là pour accompagner le chanteur. Au contraire, il les met très en avant, il y a beaucoup d'énergie et il y a d'excellents guitaristes dans son groupe. Et franchement, j'ai pris beaucoup, beaucoup de plaisir à écouter ce concert. Il ne va pas dénoter dans la programmation des Nuits de la guitare, pas du tout.
Le 23 juillet, ça va envoyer avec Ko Ko Mo et Royal Republic ?
Oui, il y a beaucoup beaucoup beaucoup d'énergie. Royal Republic, ça décoiffe ! Je pense que les gens qui ne connaissent pas ce groupe vont prendre une sacrée claque.
Grosse claque également à venir le 24 juillet avec Mike Stern et le Randy Breaker Band ?
C'est un all star band ! Mais j'avoue que j'ai quand même un petit faible pour Matteo Mancuso qui va faire l'ouverture. C'est un phénomène, c'est un extra-terrestre ce garçon à la guitare. Il faut le voir pour comprendre pourquoi de grands guitaristes disent que c'est peut-être le plus grand guitariste au monde actuellement, et pourtant, il est tout jeune. Je l'attends avec beaucoup d'impatience.
Et le 25 juillet, c'est la soirée Sandrine Luigi et Juan Carmona
Oui, j'aime bien les rencontres. J'avais fait inviter Sandrine par Yamandu Costa, un guitariste incroyable. J'avais vu dans les backstages, deux ans avant, une rencontre entre eux. Ils étaient programmés le même soir et ensuite, en coulisses, ils avaient pris leurs guitares et ils nous avaient fait un concert privé jusqu'à 3-4 heures du matin. Je me suis dit qu'il fallait à tout prix en reproduire une partie sur scène et c'était grandiose. Cette année, c'est l'inverse, c'est Sandrine qui va accueillir Juan Carmona. Ils ont déjà joué ensemble il y a quelques mois et cela avait donné un moment magique avec de très jolies pièces. Je suis heureux de pouvoir partager tout ça avec le plus grand nombre.
Propos recueillis par Benoit Thuret
Texte écrit par Grégory Curot