Madeleine Peyroux est passée dans les studios de Jazz Radio le 4 juin dernier avant son showcase pour nos auditeurs aux Docks 40. A cette occasion, elle est revenue sur la conception de son nouvel album, "Let's Walk", attendu ce 28 juin 2024.
Dans votre album qui sort fin juin, c'est la première fois que vous vous impliquez autant dans l'écriture...
Oui. Il fallait que je sois vraiment mûre pour me mettre au service de mes petites idées. Ce sont les événements qui m'ont lancé mais ma recherche dans l'art est plutôt universelle. J'étais très émue quand j'ai commencé à écrire ces morceaux parce que le monde était en souffrance et celle-ci était assez évidente. J'ai écrit pendant le confinement, seule, mais j'ai partagé le travail de composition avec John Herington.
Comment avez-vous écrit ?
Souvent les textes sont venus d'un seul coup. J'avais toute la chanson en tête quand je me levais le matin. J'ai écrit les paroles et j'ai envoyé un petit enregistrement à Jon avec des sortes de choeur. En tout cas, avec des voix qui répondaient à la mienne. Je chantais puis j'ai enregistré des voix numériquement plus basses. Apparemment, Jon a trouvé ça très bizarre mais il ne m'a rien dit, je n'ai pas eu de réponse pendant trois jours. Au 4e jour, je vais pour lui téléphoner et lorsque j'ouvre mon téléphone, je découvre un enregistrement qu'il avait fait seul avec tout : c'était musicalement écrit, arrangé, il y avait les accords, les voix et tous les instruments. J'ai pleuré en entendant ça. Je lui ai laissé un message en disant : "c'est parfait, c'est fini, je ne sais pas comment nous avons réussi ça". Cet album est une sorte de don avec des choses qui me sont venues sans que je ne puisse les nier. Alors, je ne pouvais qu'essayer de les rendre correctement.
C'était la première fois que ça vous arrivait ?
Il y a eu des choses assez mystérieuses autour de cet album. Presque mystiques. Il y a eu des choses que je ne peux pas expliquer. Des choses qui sont venues, surtout dans la composition. Il y a eu aussi des moments où j'ai vraiment dû travailler. Par exemple, pour "How I Wish", j'ai réécrit et réécrit les paroles pendant des mois. Il y avait une recherche de l'honnêteté, une recherche de quelque chose d'évident, des choses qui sont vraies pour moi et qui devraient l'être pour d'autres. Et puis, avec Jon, c'est devenu un projet qui a continué à grandir dans un esprit familial et chaleureux.
Vous pensez aussi à vos musiciens ?
Les musiciens qui ont enregistré avec moi, ce sont aussi les musiciens avec lesquels je travaille depuis plusieurs années maintenant. Et, effectivement, tout l'enregistrement a été comme le travail d'une famille qui voulait faire de son mieux.
On a l'impression que vous n'avez jamais été aussi libre pour faire ce disque ?
J'aime que vous utilisiez ce mot-là. Il ne s'adapte pas toujours bien, mais là, c'est vrai. La liberté de faire, de dire, de faire le travail que l'on veut est vraiment une belle opportunité. J'espère qu'il va être reçu comme tel.
Propos recueillis par Benoit Thuret
Texte écrit par Grégory Curot