Jazz Radio est partenaire de la sortie du dernier album de Malted Milk, "1975" sorti le 23 février 2024. Benoit Thuret a donc mené une interview avec Arnaud Fradin, le créateur du groupe afin d’en savoir un peu plus sur cet opus pensé et travaillé avec le bassiste Igor Pichon ou le claviériste Damien Cornelis notamment qui ont assuré la direction artistique du projet auxquels s’est ajouté l’ami Marco Cinelli qui a composé et écrit des textes pour le groupe.
Au départ, vos influences étaient plutôt blues avant de glisser vers la soul…
A l’origine du groupe, le blues était notre influence principale et puis, au fur et à mesure, la soul est venue se mélanger dans le blues et nous sommes devenus beaucoup plus soul et funk par la suite. On a subi plusieurs évolutions au fil du temps. Au début des années 2000, je suis allé à Memphis et je me suis rendu compte que les ponts entre le blues et la soul n’étaient pas si éloignés que ça dans cette ville et cela m’a donné envie d’aller dans cette direction. Comme source d’inspiration, on peut citer Al Green, un artiste un peu différent qui savait aussi chanter du blues, avec des productions différentes, c’est quelque chose qui m’a beaucoup plu donc c’est devenu une influence importante pour le groupe.
Cela vous a poussé à travailler autrement ?
On a fait des résidences "de création". Et puis on a décidé de garder beaucoup d’éléments qui en découlaient comme les basse-batterie-guitare plutôt que de les refaire en studio par la suite. Avec de la réflexion et un peu de recul, on s’est dit qu’il valait mieux garder ce que l’on avait au départ parce qu’on avait quelque chose de très spontané. Donc il y a une grosse partie des morceaux, six sur huit sur l’album, qui sont issus de sessions avant le studio. Évidemment, on a finalisé les morceaux en studio. Mais, par exemple, le morceau "1975", la version qu’on entend, c’est vraiment le premier jet.
On sent tout de même qu’il y a une recherche d’efficacité. On a l’impression que vous cherchez à ce que la chanson fonctionne immédiatement ?
C’est exactement ça. On a fait des choix drastiques pour garder l’essence de notre musique et que cela serve la chanson au maximum. Épurer, épurer, épurer. Il y a beaucoup d’instruments donc l’idée c’était que chaque instrument puisse exister complètement. C’est vraiment notre principale évolution dans cet opus, aller vers plus de simplicité et de travailler nos textures sonores.
Il y a peu de groupes français qui sonnent comme Malted Milk…
Notre particularité, c’est d’avoir des ingrédients du passé qu’on incorpore dans quelque chose de plus moderne. On n’est pas dans la reproduction parfaite de ce qui faisait dans la salle des années 50-60. On est dans un mélange de cette culture afro-américaine. On essaie de ne pas avoir de barrières et on est nombreux à apporter ou proposer des choses différentes qui vont nous influencer. Le groupe est composé de gens très connectés à ces musiques-là mais la différence de chacun offre aussi une variété qui fait notre spécificité.
Et comme le mieux c'est d'écouter, vous pouvez découvrir l'album ici ou regarde le clip éponyme.
Propos recueillis par Benoit Thuret
Texte par Grégory Curot