Si vous n'êtes pas encore abonnés au compte Instagram de Jazz Radio, on ne saurait trop vous conseiller de le faire. En effet, le directeur de la station, Benoit Thuret a inauguré une série de vidéo dans lesquelles il raconte des anecdotes du jazz. Le premier épisode est déjà disponible et il revient sur le mythique "Take Five" de Dave Brubeck et sa métrique si particulière.
Ce rythme de jazz, vous le connaissez tous. "Take Five" est un classique qui est sorti de la tête d'un saxophoniste qui a voulu oser... Il s’agit de tout autre chose, d’une mesure à 5 temps sur laquelle pas mal de musiciens se sont cassé les dents...
Dans les années 1950, Dave Brubeck, le très chic pianiste de jazz américain, était à la recherche d'une nouvelle approche musicale. Son saxophoniste, Paul Desmond qui ne perdait jamais une occasion d’être un génie, lui suggéra d'expérimenter un rythme inhabituel en 5/4, plutôt que le traditionnel, académique et confortable 4/4. Dave Brubeck était plutôt sceptique devant la partition. Mais, il accepta le défi.
Un jour, alors qu'il était en tournée en Turquie avec son quartet, Brubeck fut inspiré par les rythmes complexes et les mélodies orientales qu'il entendit. Il décida de fusionner ces influences avec le rythme en 5/4, créant ainsi une pièce novatrice. C’est d’ailleurs à ce retour de voyage que Dave Brubeck enregistrera "Blue Rondo à la Turk" que l’on retrouve aux côtes de "Take 5" sur l’album "Time Out" sorti en 1959 chez Columbia Records. "Time Out" restera l’un des plus grands succès commerciaux des albums de jazz instrumentaux au monde.
Brubeck présenta la composition à son quartet, et ensemble, ils perfectionnèrent "Take Five". La pièce laissait une large place à l’envoûtant saxophone de Paul Desmond et au piano impeccable et chaloupé du grand Dave. La section rythmique, sans faille, fut confiée à Joe Morello à la batterie et Eugene Wright à la contrebasse, instrument plus communément surnommée "la grand-mère" chez les jazzmen.
"Take Five" restera un immense standards du jazz, populaire et accessible au plus grand nombre. Un standard né d’une audace et de la richesse de la mixité musicale et culturelle. Cette immense succès commercial ajoutera quelques zéros sur le compte épargne de son compositeur Paul Desmond qui cédera plus tard, les droits d’auteur à la Croix Rouge, soit un petit bonus de 6 millions de dollars.
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