Peu avant de monter sur la scène de l’Accor Arena à Paris pour son grand concert du mercredi 29 novembre dernier, Ibrahim Maalouf a tout de même pris le temps de s’asseoir avec Benoit Thuret et de répondre aux questions de Jazz Radio. A 30 minutes de monter sur scène devant 17 000 personnes, il était relativement calme et a même évoqué des souvenirs de scène avec son père.
"J'ai eu cette chance que mon père m'ait fait confiance très vite, alors que je n'avais que huit ans. Et, alors qu'il faisait des concerts un peu partout, il m'emmenait avec lui et me faisais monter sur scène pour jouer avec lui alors que je n'étais qu'un gamin. C'était incroyable et ça m'a donné une grande confiance en moi car très vite, vers 9-10 ans, j'étais quasiment professionnel et je gagnais presque ma vie. J’étais déjà impliqué dans une forme de professionnalisation."
Mais il y a aussi une approche de la musique qui n'est pas forcément la même, encore aujourd'hui d'ailleurs.
"Par contre, mon père jouait sa vie à chaque concert. Pour lui, jouer de la trompette c’était comme une mission d'intégration dans la société française, comme une manière de rendre hommage à Maurice André et à la France qui nous a accueillis. Donc, à chaque fois qu’il était sur scène, il était hyper sérieux, il était grave et je le regardais en me demandant pourquoi il était comme ça. Pourquoi était-il aussi sérieux ? On est censé jouer de la musique, pas travailler de la musique. Je trouvais qu’il y avait un décalage entre l’image que j'avais d'un musicien et ce qu'il faisait lui. Et un jour, je me suis dit : moi je veux vraiment m’amuser sur scène tout en continuant ce qu’il m’a appris."
Cela se traduit dans les actes d'Ibrahim Maalouf et tous ceux qui l'ont déjà vu sur scène peuvent en témoigner. Surtout, à chaque fois ou presque, il partage la scène avec de jeunes artistes redonnant ce que son père a lui offrir, le plaisir en plus.
"Je veux offrir à tous les jeunes ce que moi je n’ai pas pu avoir, c’est-à-dire être sur scène mais en m’amusant. Je crois que c’est un message important, c’est dire : je fais de la musique pas seulement pour être au top ou pour qu’elle soit parfaite, ma priorité c’est le partage avec le public, mes musiciens, c'est pour voir jammer, avoir des moments d’impro, parfois se planter etc mais surtout, on s’est amusé ! Et c'est ce que je veux partager avec les jeunes. Mon père m'a donné ma chance, je veux leur donner aussi. Mais je veux surtout qu'ils s'amusent parce que c'est ça le principal."
Un beau message !