Dans le nouveau numéro de Jazz Magazine, on peut lire une étonnante histoire. Alors que le dernier numéro est en grande partie consacré à Serge Gainsbourg puisque le musée qui porte son nom a ouvert ses portes à la fin du mois de septembre, le pianiste Martial Solal y raconte une anecdote folle, celle du concert privé qu'il a donné à l'interprète de "La Javanaise" et de sa compagne de l'époque, Bambou.
"Gainsbourg descendait quelquefois au Club St-Germain, et j’ai en mémoire sa présence derrière moi pendant que j’y jouais. Il aimait beaucoup le piano, le jazz ; il n’était pas encore une star à cette époque, mais il commençait à être connu. Mon véritable souvenir de Serge Gainsbourg est plus personnel : il y a quelques années, au début des années 1980 je crois, il a demandé par l’intermédiaire de mon agent de l’époque de lui donner un concert privé pour essayer chez lui, rue de Verneuil, un piano droit Yamaha mécanique qui reproduisait très fidèlement, après enregistrement sur une cassette, la musique jouée avec tous les mouvements effectués sur le piano. Il tenait à me payer comme pour un concert. J’ai accepté, l’histoire m’amusait. C’était très étrange et très sympathique à la fois : Serge et sa nouvelle femme [Bambou, NDR] étaient assis tout près du piano pendant que je jouais, immobiles et silencieux pendant deux heures. Je ne me souviens pas de ce que j’ai joué, mais probablement quelques standards qu’il connaissait. Ce piano était très lourd, à la limite du jouable, j’ai fait ce que j’ai pu. Il m’a ensuite fait visiter sa belle maison, rangée avec un ordre immuable, m’a-t-il dit. Puis nous avons dîné ensemble dans un restaurant où il avait ses habitudes. Une très étonnante aventure dont j’ai gardé un bon souvenir. Quelque temps après, j’ai lu dans une interview de Gainsbourg qu’il se vantait de posséder la “cassette la plus chère du monde”. Et c’était probablement vrai… "
Le magazine précise que les trois cassettes enregistrées lors de cette performance sont visibles lors de la visite de la Maison Gainsbourg. Si jamais vous faîtes partie des visiteurs chanceux, vous saurez désormais la petite histoire qui se cache derrière elles et qu'elles ne sont pas dans le musée par hasard...