Le jazz est en deuil. Après le décès de Richard Davis le 6 septembre, une triste nouvelle ébranle à nouveau le monde du jazz. Le jour d’après, le saxophoniste américain Charles Gayle décède à l’âge de 84 ans. Il est l’une des figures majeures du mouvement free jazz.
Dès sa jeunesse, il s’intéresse à la musique : entre piano et jazz classique. À dix-neuf ans, c’est la rencontre avec son instrument de coeur : le saxophone. Il apprend en autodidacte puis croise le chemin de Pharaoh Sanders ou bien encore d’un certain Archie Shepp. Il quitte ensuite New York, sa manière de jouer lui donnant déjà une étiquette de marginal. Charles Gayle a alors dû mal à joindre les deux bouts.
Malgré plusieurs essais, notamment un album en trio pour le label ESP, le saxophoniste ne s’en sort pas : il commence alors à jouer et vivre dans la rue. Il se produit parfois en tant que mime sous le pseudonyme de "Streets the Clown", grimant son visage avec un new rouge et jouant du saxophone. "'Streets' signifie pour moi, d'abord, une liberté de Charles. Je ne suis pas bon pour être au centre de l'attention, expliquait-il en 2013 au Cadence Jazz Magazine. C'est une libération de Charles, même si c'est moi sur scène, c'est une personne différente. Cela représente également la pauvreté, pas seulement pour moi parce que la plupart du monde est pauvre. Je ne suis pas contre les riches, je suis juste pour les pauvres".
Une vingtaine d’années plus tard, les années 80 touchent à leur fin et Charles Gayle touche enfin à la gloire. Il publie ses trois premiers albums chez Silkheart Records. Le deuxième s’intitule "Homeless", en écho à sa vie dehors et devient une véritable icône du jazz libre. Charles Gayle continuera à créer de la musique jusqu’en 2019 et marque plusieurs générations.