C'est par la page Facebook de son fils Marcelo que la nouvelle a été rendue publique le samedi 6 juillet en fin de journée : l'immense João Gilberto s'en est allé après une vie bien remplie.
Interprète de prédilection du compositeur Antonio Carlos Jobim, il a posé sa voix sur bon nombre de grands classiques de la musique brésilienne et de la bossa-nova, à commencer par "The girl from Ipanema" (avec son épouse Astrud Gilberto), mais aussi "Agua de beber", "Desafinado" ou "Corcovado".
Son phrasé incomparable, faussement nonchalant mais surtout tout en retenue et émotion, restera sa marque de fabrique. Né le 10 juin 1931 à Juazeiro (Etat de Bahia), il avait après seul la guitare.sur un instrument qu'on lui avait offert à lâge de 14 ans.
Ses dernières années auront été particulièrement tristes avec un procès avec sa maison de disques, une absence des studios (pas d'album depuis 1989) et des scènes internationales (pas de concert depuis 2008), une expulsion de son appartement en 2017 pour loyers impayés et des conflits familiaux à répétition ! Depuis 2 ans, il était sous la tutelle de sa fille Bebel Gilberto, également chanteuse.
Parmi tous les hommages qui lui sont rendus, on notera le quotidien Libération qui lui offre sa une ce lundi sous le titre "Bossa s'en va" et qui rappelle qu'il n'avait besoin ni d'aide, ni d'artifices pour conquérir son public : "Une bouteille d’eau, une guitare, un tabouret, il ne lui fallait rien de plus pour mettre l’Olympia à genoux. "
Son confrère Caetano Veloso lui a également rendu un très bel hommage sur Facebook, expliquant à quel point sa rencontre avait été cruciale dans son développement en tant qu'artiste et en tant qu'homme : "João Gilberto était le plus grand artiste avec lequel mon âme est entrée en contact. Avant d'avoir 18 ans, j'ai appris avec lui tout ce que je savais déjà et comment savoir tout ce qui allait suivre. Avec sa voix et sa guitare, il a retravaillé la fonction de la parole et l'histoire de l'instrument. Il mettait en perspective tous les livres que j'avais lus, tous les poèmes, toutes les peintures, tous les films que j'avais vus. Pas seulement toutes les chansons que j'avais entendues. Et c'est avec cet ambition, ce filtre, ce système sonore que j'ai commencé à lire, voir et entendre."
Le chanteur Gilberto Gil évoque un "génie extraordinaire" dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Alors que Bolsonaro, le président brésilien, s'est illustré en déclarant "C’était quelqu’un de connu. Condoléances à la famille. Ok?”
Une raison supplémentaire d'être "Triste" et de ressentir le vague à l'âme de la "Saudade"...
Claude Zennaro