Le 24 mars 2020, le monde pleurait la perte d'un artiste légendaire, une sommité de la musique africaine et du jazz affectueusement surnommé "Papa Groove", Manu Dibango. Né le 12 décembre 1933 au Cameroun, et plus précisément à Douala, le célèbre saxophoniste, chanteur et compositeur s'est éteint à l'âge de 86 ans, des suites du Covid-19. Si son décès a attristé le monde entier, aujourd'hui encore, sa musique unique résonne, une fusion harmonieuse entre jazz, soul, makossa - un type de musique camerounais - et afro-funk.
A 16 ans, Manu Dibango arrive à Marseille, accueilli par une famille d'accueil, qui lui fera découvrir la culture française. Puis, il poursuivra ses études à Chartres, où il se prendra de passion pour le jazz, jouant de la mandoline et du piano. C'est en colonie de vacances qu'il va faire la rencontre de son futur instrument, le saxophone, et qu'il en apprendra les bases grâce à Francis Bebey. Dans les années 50, Manu Dibango commence à se produire dans les clubs parisiens, avant de se rendre en Belgique, où il va jouer dans des cabarets et des clubs privés, collaborant avec de nombreux artistes africains. C'est là qu'il fera une rencontre déterminante : celle avec Joseph Kabasélé, dit le Grand Kallé, grande figure du jazz congolais, qui va l'engager dans son orchestre et avec qui il va enregistrer plusieurs disques.
Mais il faudra attendre 1972 pour que Dibango s'illustre en solo avec son succès planétaire, Soul Makossa. Un titre aux sonorités très différentes de ce que l'on entend d'habitude et qui ira jusqu'à influencer la funk et le disco, notamment aux States. Très vite, la chanson devient plus qu'un morceau, mais un hymne, qui sera samplé de nombreuses fois par des artistes très connus, tels que Michael Jackson et Rihanna. Avec une telle reconnaissance, Dibango va multiplier les collaborations avec d'autres légendes, à l'image de Herbie Hancock, Fela Kuti, Peter Gabriel et Youssou N’Dour.
Tout au long de sa longue carrière, Manu Dibango n'a cessé de se réinventer, sans se restreindre à un genre particulier : du jazz au reggae, en passant par la world music et l'electro, il n'a jamais eu peur de rien. Un album illustre à merveille cette réunion de sonorités : Wakafrika sorti en 1994, où il a pu inviter des artistes d'exception, comme Salif Keïta et Angélique Kidjo. Passionné et plein de vie, Manu Dibango a continué à jouer de la musique et à faire des concerts jusqu'à son dernier souffle, symbole d'une musique libre, colorée et à jamais éternelle.