Le 4 mars dernier, le roi du vibraphone et du groove s'en est allé : le regretté Roy Ayers, décédé à l'âge de 84 ans. Une vie bien remplie par la musique, un son bien distinctif, lui qui posera les bases du jazz-funk dans les années 70, fusion innovante entre les rythmes funk et les harmonies jazz. Sur Jazz Radio, on avait bien envie de célébrer son grand talent, alors cap sur les 5 titres phares de sa carrière, ceux qui, encore aujourd'hui, font résonner son héritage à travers les playlists de tous les mélomanes du monde entier.
"We Live in Brooklyn, Baby" (1972)
Sortie en 1972 sur l’album He’s Coming, We Live in Brooklyn, Baby est sans doute l'un des morceaux les plus sombres et engagés de Roy Ayers. Même si on peut reconnaître sa patte mêlant jazz-funk et soul, l'atmosphère y est plus brute et introspective, bien que portée par un groove hypnotique, une basse lourde et son traditionnel vibraphone, toujours aussi envoûtante.
Les paroles répétitives et le ton grave reflètent la dure réalité de la vie à Brooklyn à l’époque, un quartier marqué par les inégalités et les tensions sociales. Ce morceau est ainsi un témoignage des défis rencontrés par la communauté afro-américaine, tout en affirmant une fierté mais aussi, et surtout, une résilience collective.
"Everybody Loves the Sunshine" (1976)
Difficile de parler de Roy Ayers sans évoquer son titre goal, celui qui a marqué un tournant dans sa carrière, mais plus que ça, dans l'histoire du jazz-funk : Everybody Loves the Sunshine. Sorti en 1976 dans l'album du même titre, ce morceau est une fusion harmonieuse entre funk, soul et jazz. Avec ce titre, le musicien pose les bases d'un style musical à son image, à la fois solaire et chaleureux.
Avec ses accords posés, ses nappes de synthétiseur vaporeuses et son rythme très hypnotisant, la chanson capture l’essence d’un été paisible. Les paroles, simples et pourtant très évocatrices, célèbrent la chaleur du soleil et la douceur de la vie. Ce minimalisme lyrique, allié à une mélodie envoûtante, a fait du morceau un hymne intemporel à la détente et à l’évasion (et disons le, un bel appel à la sieste)
Ce titre a non seulement renforcé la notoriété de Roy Ayers, mais il est aussi devenu une référence incontournable du hip-hop et du R&B, samplé par des artistes comme Mary J. Blige, Mos Def ou encore Common.
"Searchin'" (1976)
Et on peut dire qu'en 1976, le vibraphoniste n'a pas chômé, puisqu'il a sorti deux albums : Everybody Loves the Sunshine et Vibrations. C'est dans ce deuxième opus que l'on retrouve le titre Searchin, un autre morceau qui illustre à merveilleuse le mélange unique de jazz-funk et de soul psychédélique qui définira l'univers musical de Roy Ayers. Avec son groove hypnotique, ses arrangements délicats et sa ligne de basse fluide, ce titre, qui évoque une quête intérieure et spirituelle, l'artiste exprime ici son désir profond de trouver un sens à sa vie et à l’amour.
Searchin a consolidé la réputation de Roy Ayers comme pionnier du jazz-funk et a inspiré de nombreux artistes, notamment dans le hip-hop, où il a été samplé par des groupes comme A Tribe Called Quest. Ce titre a renforcé son influence sur la musique soul et électronique, confirmant son statut de légende du groove.
"Running Away" (1977)
Moins d'un an plus tard, le décidemment très prolifique Roy Ayers sort un tout nouvel album, Lifeline, dans lequel on retrouve le morceau Running Away, devenu l'un de ses morceaux les plus populaires. Ici, il offre un nouveau regard sur sa musique, toujours le parfait reflet de l'énergie du jazz-funk de la fin des années 70, mais en y ajoutant une petite touche disco.
Avec son rythme dansant et ses harmonies vocales douces et répétitives, la chanson raconte une histoire de fuite, évoquant une relation amoureuse où l’un des partenaires choisit de partir : You’re running away, but you can’t run away from yourself. Derrière cette apparente insouciance se cache un message universel sur l’évitement des problèmes personnels, et le choix de la fuite. Ce hit a marqué un tournant dans la carrière de Roy Ayers, élargissant son public au-delà du jazz.
"Love Will Bring Us Back Together" (1979)
Sortie en 1979 sur l’album Fever, la chanson Love Will Bring Us Back Together est, encore une fois, un titre qui représente à merveille son style fusion. Un groove irrésistible, des lignes de basse entraînantes et un vibraphone toujours aussi pointu et efficace, une chanson qui incarne parfaitement la "vibe" de Roy.
Le titre porte un message d’espoir et d’unité, affirmant que l’amour peut réunir les individus, et ce malgré les épreuves complexes de la vie. Ce thème universel, porté par une mélodie enjouée et des chœurs exaltants, en fait un hymne lumineux à la réconciliation et à la positivité.