Il y a des noms qui, dès qu'on les prononce, font surgir des images sonores immédiates. C'est le cas de Michel Legrand, l'un de plus grands musiciens français du XXème siècle, compositeur et génial pianiste de jazz qui a réussi à transcender les genres, et à élever sa musique au rang de chef d'œuvre.
Il faut dire que, dès la naissance, Michel Legrand avait des prédispositions à tomber amoureux de la musique : avoir un papa chef d'orchestre et compositeur, ça donne des idées. Très vite, le jeune homme va en faire une passion, et s'inscrira au Conservatoire de Paris, où il deviendra l'élève de la cheffe d'orchestre et éminente pédagogue Nadia Boulanger, une rencontre qui marquera à jamais sa manière de composer.
Si le musicien s'essaiera à plusieurs genres, c'est sur le jazz qu'il jettera finalement son dévolu, après être allé à un concert de Dizzy Gillespie. Car oui, Michel Legrand adore l'improvisation, et il sent qu'avec le jazz, il peut explorer et se sentir libre. Si le jeune Michel fait ses débuts en collaborant avec l'orchestre de son père ou en arrangeant certains morceaux pour Henri Salvador ou Jacques Brel, il faudra attendre 1954 pour découvrir son album "I Love Paris", où il reprend des titres français en version jazz, mais surtout son opus "Legrand Jazz" (1958), avec des reprises de standards américains aux côtés de légendes comme Miles Davis et John Coltrane.
Mais c'est surtout dans le monde de la musique de film que Legrand atteint une renommée mondiale, notamment en rencontrant un grand réalisateur français : Jacques Demy. Avec lui, il signe des œuvres aujourd'hui devenues cultes, comme Les Parapluies de Cherbourg (1964) et Les Demoiselles de Rochefort (1967). Ses mélodies poignantes et son sens unique de l’harmonie lui valent trois Oscars, notamment pour L’Affaire Thomas Crown (1968) avec la célèbre chanson The Windmills of Your Mind. Il travaille aussi avec des réalisateurs comme Orson Welles et Clint Eastwood, consolidant son statut de compositeur incontournable.
Aujourd'hui encore, son influence rayonne auprès d'artistes contemporains comme Chilly Gonzales, Jamie Cullum ou encore Melody Gardot, qui revendiquent son héritage, admirant son approche mélodique. A lui seul, Michel Legrand, disparu en 2019, prouve que le jazz et la musique de film peuvent fusionner en une œuvre intemporelle.