La date francilienne de la grande Dee Dee Bridgewater est loin de s’être déroulée comme prévu ! C’est donc un keffieh, pendu au micro d’une musicienne, qui a été le fruit de la discorde lors du récital de l’artiste, à l’Espace Carpeaux de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine.
Alors que la tournée européenne de la chanteuse de jazz américaine bat son plein, cet événement est venu perturber son bon déroulement. Et pour cause, cette dernière présente un répertoire de protest songs, avec son quartet féminin. Tous les soirs, depuis le début de cette tournée, la contrebassiste italienne du groupe, Rosa Brunello, accroche un keffieh au pied de son micro. Pour rappel, ce grand foulard arabe traditionnel est devenu l’emblème de la cause palestinienne. Il n’y avait jamais eu aucune réaction de la part du public.
Le concert du 27 novembre était la dernière des dix-sept dates française de Dee Dee Bridgewater. Alors que l’artiste chantait depuis plus de quarante minutes, une dame, installée au milieu du public, l’a soudain invectivée sur la présence de ce keffieh, arguant être dérangée par l’exhibition de ce symbole politique.
En outre, la chanteuse s’apprêtait à interpréter le titre "Mississipi Goddam" de Nina Simone. Elle était donc en train d’expliquer le contexte particulièrement politique de la chanson. Ainsi, cette apostrophe l’a prise de court. Mais la musicienne est parvenue à répondre avec calme, en français, rappelant que chacun était libre de s’exprimer, dans le cadre de la liberté d’expression. Néanmoins, la spectatrice ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, puisqu’elle a continué d’invectiver Dee Dee Bridgewater, créant une sorte de conflit général. Soucieuse de ramener le calme dans la salle, l’artiste a décidé de demander à sa contrebassiste de retirer le keffieh, ce qu’elle a aussitôt fait. Mais ce geste de bonne volonté n’a pas suffi à apaiser les esprits.
Le concert n’a jamais pu reprendre, malgré l’intervention des forces de l’ordre
Le spectacle de Dee Dee Bridgewater a finalement été interrompu, et les cinq cents spectateurs présents ont été évacués par la police municipale. La chanteuse soul China Moses s’est d’ailleurs exprimée à propos de cet incident :
"Cette dame […] avait le droit de manifester sa réprobation, mais elle l’a outrepassée quand elle a pris toute une salle en otage".
Effectivement, personne n’est parvenu à calmer l’élément perturbateur de la soirée. La spectatrice a été isolée. Pourtant, elle s’est montrée de plus en plus agitée. Elle a même fait de la résistance, lorsque les agents de sécurité lui ont demandé de quitter les lieux. Les organisateurs de l’événement ont donc décidé de faire appel à la police, qui a eu tout autant de mal à contraindre cette dame. Elle est d’ailleurs restée seule au milieu des gradins, pendant une bonne heure, avant d’enfin quitter la salle. L’ensemble des spectateurs vont être remboursés, tandis que la fauteuse de troubles sera définitivement bannie des lieux. Espérons que cette mauvaise expérience n’empêchera pas Dee Dee Bridgewater de revenir se produire sur une scène française !