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Top 5 des concerts les plus emblématiques de la scène Jazz

Top 5 des concerts les plus emblématiques de la scène Jazz
Capture d'écran @Youtube Ella Fitzgerald à Berlin (1960)

Jazz Radio revient sur les performances les plus inoubliables en live

Voici une liste de performances de jazz légendaires qui ont marqué l'histoire et redéfini cette musique à leur époque :

1. Louis Armstrong à la salle Vendôme (Paris, 1934)

Il y a des dates difficiles à oublier dans l'histoire du jazz, et celles des 9 et 10 novembre 1934 restent à jamais gravées pour avoir été les toutes premières fois où le jazz américain s'est imposé en Europe. L'artiste ? Un certain Louis Armstrong, âgé de 33 ans, et déjà une superstar du jazz. Alors qu'il est en tournée en Europe, le musicien posera ses valises en France, un pays avec lequel il entretiendra toute sa vie un lien singulier, lui qui a vécu à Paris pendant presque 2 ans et où il a enregistré ses premiers disques hors des Etats-Unis. 

Et quand le public français découvre Louis, c'est l'explosion, l'effusion. Louis Armstrong, le solide mélomane, illumine la scène par son charisme et sa liberté d'expression totalement inédite à l'époque. A Paris, l'artiste est accueilli chaleureusement, au même titre que pourrait l'être un musicien blanc, ce qui n'est pas toujours le cas aux Etats-Unis. Un concert inoubliable pour le musicien, mais aussi pour le public français, qui ne l'oubliera jamais : une plaque commémorative célèbre encore son passage dans le 9ème arrondissement de Paris

2. Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach au Massey Hall (1953)

Imaginez une salle de concert, où l'on vous annonce les plus grands musiciens actuels réunis au même endroit. Hé bien en 1953, les rois, c'étaient eux : Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach. 5 musiciens de légende qui, pour la première, et la dernière fois de leur vie, ont enregistré un album jugé mythique pour de nombreux critiques, "The Quintet : Jazz at Massey Hall".

Malgré un public réduit, qui préfère voir s'affronter deux poids lourds de la boxe, Rocky Marciano et Jersey Joe Walcott, le soir-même, cette performance explosive marquera à jamais l’histoire du bebop.

L'opus, qui a été enregistré le 15 mai 1953 au Massey Hall de Toronto, a aujourd'hui droit à une réédition de qualité, de quoi donner envie aux puristes de réécouter cet enregistrement mythique. Nick Phillips, le producteur de cette réédition, explique à quel point ce concert a changé le monde du jazz : 

"Ce concert légendaire a été non seulement le seul enregistrement de ces cinq géants du jazz moderne en tant qu'orchestre, mais aussi le dernier enregistrement autorisé que les pionniers du bebop Charlie Parker et Dizzy Gillespie ont réalisé ensemble. L'incroyable qualité du jeu - en particulier les feux d'artifice musicaux que Parker et Gillespie ont suscités l'un chez l'autre - est à la hauteur de l'énorme importance historique de l'événement" - Nick Phillips

3. Miles Davis au Festival de Montreux (1973)

Difficile d'évoquer Miles Davis sans évoquer le Festival international de Jazz de Montreux. C'est bien simple : de 1973, le musicien a participé au festival à huit reprises. Et c'est d'autant plus beau qu'au fur et à mesure de ses représentations, le public a pu observer ses petites révolutions dans sa musique, au gré de ses différentes périodes et changements de partenaires. 

Mais la première fois reste particulièrement émouvante : le 8 juillet 1973, Miles Davis débarque en Suisse avec ses musiciens et bouleverse l'univers du jazz, en offrant une fusion entre le rock et le funk de l'époque. Un show qui marquera l'assemblée, tant le sens de l'improvisation de Davis et son équipe transpire sur scène. 

Une histoire d'amour qui a d'ailleurs été illustrée dans un coffret de 18 CD édité par Columbia Records, et qui regroupe l'intégralité des concerts donnés par l'artiste au festival. De quoi donner une belle idée de cadeau pour Noël aux amoureux de Davis ! 

8. Ella Fitzgerald à Berlin (1960)

Parmi les angoisses des artistes en live, il y en a une bien connue par les chanteurs et chanteuses : la peur d'oublier son texte en direct. Un moment qui peut s'avérer gênant, surtout quand on ne sait pas comment enchaîner. Mais quand on s'appelle Ella Fitzgerald, cela peut se transformer en grand spectacle

En 1960, la chanteuse américaine se trouve à Berlin pour un show exceptionnel. Ce soir-là, elle interprète Mack the Knife, la reprise d'un grand standard américain remis au goût du jour dans les années 50 grâce à Louis Armstrong et Bobby Darin. Mais lors de cette performance, la diva est soudain prise au dépourvu : elle a un trou de mémoire, et oublie une partie des paroles ! Mais qu'à cela ne tienne : grâce à son talent exceptionnel et son talent d'improvisatrice, elle reprend le morceau à sa source, en mélangeant le scat et des paroles inventées sur le moment.

Une performance inoubliable, qui prouve encore une fois le génie musical de cette grande dame de jazz. De ce concert naîtra un album live, "Ella in Berlin", qui entrera au Grammy Hall of Fame en 1999.

5. Keith Jarrett à Cologne (1975)

On vous en parlait justement dans une de nos histoires de jazz. Pourtant, le concert du 24 janvier 1975 aurait pu être un véritable fiasco. Alors invité à Cologne pour un show à l'Opéra, le jeune pianiste Keith Jarrett, alors en pleine ascension, va vite déchanter. Sur place, c'est un piano qui sonne faux, avec des touches collantes et des pédales grinçantes, qui l'attend. Keith est épuisé, agacé, et refuse de jouer. 

Heureusement, dans cette salle, un ange veille. Il s'agit de Vera Brandes, une très jeune productrice d'à peine 17 ans, qui réussit à convaincre le musicien de jouer, à la dernière seconde. La mort dans l'âme, Keith Jarrett s'installe à son piano... et signe l'une de ses plus belles performances musicales. Pendant plus d'une heure, le prodige improvisera en s'inspirant de l'atmosphère de la salle, repoussant toujours un peu plus les limites de son piano abîmé. Keith se laisse alors porter, presque en transe, lui qu'on entend même fredonner.

Aujourd'hui encore, le Köln Concert de Keith Jarrett reste l’album de piano solo le plus vendu de l’histoire. Un signe que le musicien était exactement à l'endroit où il devait être.