Elle était sans doute l'une des voix les plus emblématiques de la scène musicale mondiale. Née le 26 novembre 1939 dans une famille pauvre de fermiers du Tennessee, Tina Turner a un parcours qui fascine. De la chanteuse de soul blessée à la superstar de la pop ressuscitée, il n'y a qu'un pas. Aujourd'hui encore, sa carrière, qui s'étale sur plus de 5 décennies, continue d'inspirer les artistes du monde entier. Si la diva aurait eu 85 ans cette année, Jazz Radio a décidé de lui rendre hommage en revenant sur 5 de ses titres les plus iconiques.
River Deep, Mountain High (1966)
Difficile de parler de Tina Turner sans évoquer celui qui l'a mis sur le devant de la scène, l'impétueux Ike Turner, qui deviendra son binôme de musique, son mari mais aussi son geôlier. Alors qu'elle a tout juste 18 ans, Tina Turner fait la connaissance d'Ike Turner un soir de 1957, alors que ce dernier se produit dans un club de jazz. Dans un interlude, on tendra un micro à Tina, un geste qui marquera le début de sa carrière.
Commencera alors une relation professionnelle, aussi fusionnelle que destructrice, où Tina Turner jouera le rôle de la voix soul, dans leurs premiers succès, "A Fool In Love" et "I Idolize You". Mais c'est grâce à "River Deep, Mountain High" que le couple va accéder à un nouveau statut : celui de la renommée internationale. La chanson, qui a été co-écrite par le génie sombre, le producteur Phil Spector, ne fait pas tout de suite parler d'elle aux Etats-Unis.
Si elle obtient un joli succès outre-Manche au Royaume-Uni, il faudra attendre 2004 pour que la chanson trouve grâce aux yeux des Américains en atteignant la 33ème place du célèbre classement des 500 plus grandes chansons de tous les temps par le magazine Rolling Stone.
Nutbush City Limits (1973)
Ce n'est sans doute pas la chanson la plus populaire de Tina Turner , mais c'est assurément l'une des plus significatives. A cette époque, Tina est sous le joug de son époux Ike Turner, lui qui ne cesse de prendre des décisions à sa place. Leur duo créatif a du mal à avancer et Tina Turner a bien l'intention de prendre le taureau par les cornes, comme elle le racontera plus tard en interview.
"Je voulais faire quelque chose pour nous aider à sortir du marasme de notre carrière, et j’ai donc décidé d’essayer d’écrire des chansons. (...) J’ai commencé par le sujet que je connaissais le mieux : ma propre vie" - Tina Turner
Avec Nutbush City Limits, Tina Turner s'offre un peu de liberté, car c'est elle qui écrit la chanson, et la compose seule. Une chanson semi-autobiographique puisqu'elle évoque ici son histoire, celle d'une enfance où elle grandit à Nutbush, petit village du Tennessee. Un bled perdu, dont elle rêve de s'échapper, mais qu'elle évoque tout de même avec nostalgie. De ce morceau énergique résonne surtout un cri du cœur : celui d'une femme prête à se libérer.
What’s Love Got to Do with It (1984)
What’s Love Got to Do with It est sans doute la chanson de la renaissance de Tina Turner. Mais avant d'en arriver là, il faut remonter quelques années en arrière, en 1976, moment charnière la chanteuse prend une décision qui va changer le cours de sa vie : se séparer de son ex binôme de chant, mais surtout de son mari, homme violent et destructeur. Après plus de 20 ans de violences conjugales, Tina Turner est libre. Sans producteur, mais prête à briller à nouveau, et cette fois-ci, par ses propres moyens.
En 1984, la tigresse est prête à faire son come-back et sort son album "Private Dancer". "What's Love Got To Do With It" en devient le tube principal, un parfait résumé de sa deuxième carrière, elle qui deviendra l'icone de la résistance et de la résilience féminine, triomphante de la violence et du machisme. Une victoire pour l'artiste, puisque le morceau sera récompensé de trois Grammy Awards l'année suivante, se hissant même à la première place du Billboard Hot 100 aux Etats-Unis. En 2012, What’s Love Got to Do with It intégrera le panthéon de la musique mondiale en obtenant un Grammy Hall of Fame. Rien que ça.
The Best/Simply the Best (1989)
C'est sans doute la chanson la plus connue de Tina Turner, et celle qui a le plus résonné dans le cœur des gens tant les paroles délivrent un message puissant de confiance en soi et de détermination. Ecrite par Mike Chapman et Holly Knight, la chanson a d'abord été proposée à Paul Young, avant d'être interprétée par Bonny Tyler en 1988. L'année suivante, Tina Turner s'approprie le titre, et ça cartonne : le morceau recevra une double certification de platine au Royaume-Uni.
3 ans plus tard, la lionne décide d'enregistrer une nouvelle version de la chanson aux côtés du rockeur australien Jimmy Barnes dans un objectif bien précis : promouvoir le championnat de rugby d'Australie, et pousser les sportifs à donner le meilleur d'eux-mêmes sur le terrain. La chanson est rebaptisée "Simply the Best", et là encore, le succès est au rendez-vous. Jusqu'en 1995, le titre sera systématiquement joué dans tous les matchs de rugby, devenant presque un hymne de ce sport. Aujourd'hui encore, la chanson "Simply the Best" est associée au monde du sport, avec un texte qui invite à viser le sommet, et à croire en soi, malgré les obstacles.
GoldenEye (1995)
Tina Turner et le cinéma, c'est une grande histoire d'amour. En 1985, Tina Turner passe devant les caméras en devenant Tante Entity, la fondatrice et dirigeante de la ville post-apocalyptique de Bartertown. Elle y interprètera aussi We Don't Need Another Hero (Thunderdome), la bande-son iconique du film, qui résonnera sur la scène musicale de façon complètement indépendante du film.
Des années plus tard, Tina Turner est de nouveau choisie pour prêter sa voix pour la BO d'un film emblématique : "GoldenEye", le 17ème film de la série James Bond, qui voit pour la première fois le comédien irlando-américain Pierce Brosnan interpréter le rôle du célèbre agent secret. Cette chanson, c'est Bono et The Edge, deux membres du groupe irlandais U2 qui la composent. Pour l'anecdote, Tina Turner n'avait pas du tout aimé la démo de Bono, et c'est ensemble qu'ils ont du retravailler le titre, où la voix suave et tourmentée de la chanteuse colle parfaitement avec les états d'âme du célèbre espion britannique.
