Une chose est sûre : Peter Somuah refuse de faire disparaître le patrimoine sonore de son pays natal. Aujourd’hui installé aux Pays-Bas, l’artiste vibre aux sons d’une musicalité afro-jazz. Et le disque “Highlife” n’est pas son premier coup d’essai. En effet, Peter Somuah a déjà deux albums à son actif, sortis respectivement en 2022 et en 2023. Au fil du temps, le musicien s’est construit un univers multicolore bien à lui. Désormais, il semblerait qu’il s’attache aux langages africains. Dès sa plus tendre enfance, Peter Somuah éduque son oreille musicale aux sonorités d’Ebo Taylor, mais aussi d’E.T. Mensah. Par la suite, avec son arrivée en Europe, ses influences évoluent. Il se prend notamment d’amour pour Miles Davis ou pour Freddie Hubbard. Avec ce nouvel album, le musicien souhaite revenir aux fondamentaux, tout en continuant de croiser les genres. Pour y parvenir, il n’a pas hésité à faire le voyage jusqu’à Accra, la capitale du Ghana, pour s’entretenir avec ses mentors, permettant à l’essence originelle du highlife de rejaillir. Peter Somuah a notamment sollicité le guitariste et chanteur nonagénaire, Koo Nimo. Cet homme est véritablement la mémoire du highlife ancestral. En réalité, ce terme ferait référence au statut privilégié de la haute bourgeoisie blanche, auquel la population noire n’avait pas accès. À l’époque, les musiciens africains subissaient les règles des colons européens. Ils devaient donc se produire dans des clubs privés, réservés à cette bourgeoisie blanche. Face à ces restrictions raciales, une nouvelle manière d’écouter la musique s’est développée. Les mélodies raisonnaient derrière les portes closes. Et tout l’album de Peter Somuah se base sur la création du highlife.
Une histoire tourmentée
L’identité de Peter Somuah fait toute la force de cet album. Dans chacune de ses compositions, l’artiste se réapproprie son histoire, en dénonçant une forme d’emprisonnement cérébral imposé par des décennies d’oppression coloniale. Finalement Peter Somuah célèbre les rites d’un peuple extrêmement malmené. Avec son amour pour le jazz, il rend hommage à ses ancêtres et à ses origines. En outre, le musicien espère remettre le highlife au goût du jour. Et pour cause, dans les années 1960, le président ghanéen avait hissé ce genre musical au rang de trésor national. L’objectif de Peter Somuah reste donc de réhabiliter ce patrimoine culturel. Une très jolie mission, parfaitement accomplie !