La musique dans la peau
Les amoureux de funk vous le diront : l'album Live at the Apollo est sans conteste l'un des meilleurs opus de célèbre chanteur James Brown, un bijou de musicalité enregistré en live. Pourtant, l'album n'aurait pu jamais voir le jour... Et pour cause : cet enregistrement a eu lieu dans des conditions bien spécifiques. A cette époque là, en 1962, James Brown n'est pas (encore) l'icone que l'on connaît aujourd'hui. Né en 1933 en Caroline du Sud, le petit Brown a toujours connu la pauvreté. S'il se produit rapidement sur ses premières scènes, l'adolescent sombre peu à peu dans la délinquance, avant de rencontrer le gospel lors d'un séjour en prison.
C'est d'ailleurs dans un centre pénitentiaire, lors d'un match de base-ball entre deux équipes de deux prisons différentes, qu'il fera une rencontre qui changera sa vie : le chanteur Bobbie Byrd, avec qui il devient très ami. Sortis de prison tous les deux, ils créent un premier groupe de gospel, "The 3 Swaness", avant de rencontrer les artistes Little Richard et "The 5 Royales", avec qui ils vont créer "The Famous Flames". Ensemble, ils commencent à attirer l'attention des producteurs, surtout James Brown, qui dévoile toute son énergie sur scène, et arrive à faire fusionner gospel, rhythm & blues et funk.
Un artiste de scène inoubliable
Si le groupe commence à se faire remarquer et enregistre ses premiers titres, cela ne suffit pas pour la maison de disque, King Records. Mais James Brown y croit : il sait que c'est sa fougue sur scène qui donnera le change. Alors il tente un bluff, au culot, et demande à sa maison de disque d'enregistrer un album en direct au célèbre Apollo Theater de Harlem, une salle mythique pour les artistes afro-américains. Il se prend un non catégorique : les albums live ne se vendent pas bien. Mais qu'à cela ne tienne : James Brown va s'en donner les moyens en finançant lui-même l'enregistrement.
C'est donc dans la nuit du 24 octobre 1962 que James Brown et les Famous Flames se lancent, sans filet, sur la scène de l'Apollo, face à une foule en délire. Et ça marche : dès les premières notes, le public s'enflamme. Brown enchaîne les titres de façon très intense, en multipliant les cris, les danses et les échanges avec le public. L'enregistrement réussit à capter cette euphorie. Pari réussi pour Brown : l'album sort l'année d'après, en 1963, et devient un immense succès commercial, classé pendant 66 semaines dans les charts. James, quant à lui, est propulsé au rang de superstar internationale. Une étoile était née.