Nous avons beau l'avoir reçu plusieurs fois chez Jazz Radio, mais la recette prend à chaque fois. A 43 ans, Ibrahim Maalouf continue de nous fasciner par sa créativité sans limites et son talent brut, n'hésitant pas à bousculer les codes et réinventer constamment sa musique. Raison pour laquelle Jazz Radio s'associe à lui pour son concert du 24 octobre, où il performera aux côtés d'Hiba Tawaji sur la scène de l'Amphithéâtre 3000 de Lyon. Une occasion parfaite pour rendre hommage à cet artiste, en s'intéressant de plus près à ces petits détails qui font de lui un grand artiste.
Un artiste qui casse les frontières de la musique
Qui a dit que le jazz ne pouvait pas se permettre de cotoyer d'autres genres musicaux ? En tout cas, ce n'est clairement pas Ibrahim Maalouf, qui, de part son ouverture musicale et son envie d'exploration, a eu l'occasion de collaborer avec des artistes de divers horizons, et parfois bien éloignés de l'univers du jazz. C'est le cas notamment de Sting, avec qui Ibrahim Maalouf a partagé la scène du Bataclan pour un concert hautement symbolique, un an après les attentats du 13 novembre 2015.
Il a aussi eu l'occasion de travailler avec le musicien Mathieu Chedid, avec qui il partage un amour pour l'expérimentation musicale, et... une connexion inatendue !
"Si je le considère comme un frère, c'est que nous avons en commun un lien très fort qui doit sûrement à une histoire troublante. Au-delà de nos origines libanaises communes, nous avons un point de connexion inattendu. En effet, nous avons compris que nos grands-mères jouaient aux cartes dans le même club à Alexandrie. Toutes deux avaient émigré de Beyrouth et je les imagine tapant le carton en regardant couler le Nil." - Ibrahim Maalouf, interview le Point
Parmi ses autres collaborations, on compte aussi une figure de la scène hip-hop, Oxmo Puccino, avec qui il a produit une version onirique d'Alice au pays des merveilles dans l'album "Au pays d'Alice", le duo formé par Amadou et Mariam ou encore la chanteuse portugaise de fado Carminho.
Une histoire d'amour avec le cinéma
Si on connaît Ibrahim Maalouf comme un grand amoureux de la scène, saviez-vous que le musicien de 43 ans a aussi plusieurs expériences dans la composition de musiques de film ? Si le trompettiste n'a jamais caché son envie de faire partie de la grande famille du cinéma, c'est un peu par hasard qu'il a commencé la composition de bandes originales, grâce à Jalil Lespert, qui l'approche pour la musique de Yves Saint Laurent. En parallèle, Ibrahim Maalouf travaille sur un autre film, celui de Kim Chapiron, "La crème de la crème". Un double challenge passionnant, qui a permis à l'artiste de mettre un pied dans cet univers qui l'a toujours passionné.
Et depuis, il ne s'est jamais arrêté. Parmi ses autres travaux marquants, on trouve ses compositions pour "La Vache" en 2016, où l'artiste a pu insuffler des émotions profondes à travers sa musique, ou encore "Dans les forêts de Sibérie", film sorti la même année, qui lui a valu le César de la meilleure musique originale en 2017. Le 13 novembre 2024, on retrouvera l'artiste à la tête de la bande son du film "Finalement", réalisé par Claude Lelouch, et qui mettra en scène Kad Merad en trompettiste malade en pleine introspection.
Un héritage paternel
Seules les oreilles les plus fines peuvent le percevoir, mais la trompette d'Ibrahim Maalouf n'est pas celle de n'importe qui. Mieux : il s'agit d'un modèle unique, inventé par son propre père, Nassim Maalouf, dans les années 1960. Sa spécificité ? C'est une trompette à quatre pistons, contrairement aux modèles plus classiques, qui en comprennent généralement 3. Cette particularité permet de jouer les quarts de ton, des sonorités caractéristiques de la musique orientale.
Grâce à cet instrument hors du commun, Ibrahim Maalouf peut explorer la musique en allant chercher des notes qu'il ne pourrait jamais obtenir avec une trompette classique, et fait fusionner ses origines franco-libanaises à des bases plus tradtionnelles. En continuant de jouer avec cet instrument, Ibrahim Maalouf adresse un clin d'oeil à son héritage parental, lui qui a appris à jouer de la trompette aux côtés de son papa dès l'âge de ses 7 ans, tout en offrant un son unique au monde.
Une spécificité qui a donné envie au musicien de la partager au grand public en commercialisant un modèle, la T.O.M.A, fruit d'une collaboration exclusive entre le musicien et la marque prestigieuse d'instruments de musique Antoine Courtois, en collaboration avec Adrien Jaminet pour le design.