Le 23 juillet 2011, le monde de la musique perdait un étoile filante au sommet de sa gloire, la reine de la soul Amy Winehouse. Tout en elle était inconique : son chignon flou retenant ses longues boucles noires, son grain de beauté, son trait d'eye-liner et surtout sa voix, identifiable dès les premières secondes.
Alors pour rendre hommage à cette icone jazzy, Jazz Radio s'est penché sur les anecdotes de la vie ô combien riche mais aussi chaotique de cette artiste unique, dont les chansons continuent de résonner dans le coeur des fans...
Une histoire de famille
Un célèbre dicton dit que les chiens ne font pas des chats, et chez les Winehouse, la passion de la musique se transmet de générations en générations par intraveineuses. Tout commence avec Cynthia Levy, la grand-mère paternelle d'Amy Winehouse, une chanteuse de cabaret qui arpentait toutes les caves londoniennes reconverties en clubs de jazz pendant la seconde guerre mondiale. Un amour du jazz, qu'elle partage en famille, et qu'elle transmettra à son petit garçon, Mitch, le père d'Amy.
Un héritage musical avec lequel la petite Amy grandit, bercée par les mélodies jazz de sa grand-mère et les reprises de Frank Sinatra que son père chantait à tue-tête dans son taxi, lui qui était chauffeur. Mais ne croyez pas que vivre dans une famille de musiciens est une chose aisée : Amy Winehouse était très pointilleuse, et très exigeante avec elle-même.
C'est d'ailleurs ce que son père explique dans son livre "Amy, My Daughter", sorti en 2012, où il confit qu'Amy venait tester ses morceaux... dans son propre taxi.
"Elle essayait de tout contrôler, elle était perfectionniste, toujours en train de réécrire chaque phrase et même chaque mot jusqu'au plus haut degré. [...] Quand elle voulait écouter ce qu'elle avait fait, elles les mettait sur CD et le mettait dans mon taxi parce qu'elle voulait savoir comment les gens recevraient sa musique" - Mitch Winehouse
L'anecdote derrière Rehab
Rehab est sans doute l'une des chansons les plus connues d'Amy Winehouse, devenant un tube planétaire qui est resté 75 semaines dans le top 50 au Royaume-Uni. Mais l'histoire derrière ce titre s'avère plutôt amusante quand on sait que tout est parti... d'une simple blague. C'est d'ailleurs son père, qui, dans son livre, a raconté l'origine de Rehab. En effet, le père de famille raconte que Rehab serait née au détour d'une convesation entre Amy Winehouse et son ami et producteur Mark Ronson.
A cette époque, la jeune femme traverse une période compliquée : elle sort tout juste de l'hôpital, et inquiète ses proches, qui ne cessent de lui répéter qu'elle doit rentrer en cure de désintoxication. Alors qu'elle se promenait avec son ami, elle aurait alors fredonné quelques mots :
« You know they tried to make me go to rehab, and I told them, no, no, no ! (Tu sais ils ont essayé de me faire aller en rehab et j’ai dit non non non) ». - Amy Winehouse
Surpris, et en même temps amusé, Mark Ronson aurait ri, demandant à Amy à qui appartenait la chanson. En guise de réponse, la musicienne se serait exclamé : "Je viens d'improviser". Mark a renchéri en disant que cela ferait un bon refrain, et qu'elle devrait de ce pas aller en studio pour en faire une chanson. Selon la légende, Amy Winehouse n'aurait pris que 3h pour composer ce qui deviendra l'un de ses plus grands tubes.
Princesse de conte de fées
Quand on pense aux princesses Disney, on imagine davantage une créature aux yeux de biches, une longue chevelure blonde, des tenues colorées dans les nuances de rose... En un mot, tout l'inverse de l'image que renvoyait Amy Winehouse, connue pour son style rock'n roll et les tatouages qui parsemaient sa peau. Pourtant, l'artiste a bel et bien inspiré un personnage emblématique du studio aux grandes oreilles, que l'on a découvert en 2013 : la Reine des Neiges Elsa. Si aujourd'hui on la connaît sous les traits d'une princesse courageuse à la chevelure blanche, à l'origine, Elsa devait être la méchante du film.
Les créateurs du dessin animé rêvaient d'un personnage mélancolique au regard puissant, et Amy Winehouse était toute designée comme inspiration. Quant les scénaristes ont fait évoluer le personnage d'Elsa, ils ont supprimé toutes les similarités qu'il pouvait y avoir avec Amy. Mais si vous êtes curieux de voir à quoi ressemblent les dessins originaux, vous pouvez les trouver sur le blog de Claire Keane, une des illustratrices du film, sur son blog "Claire On A Cloud".
Dessin de Claire Keane, croquis préparatoires pour le dessin animé "La Reine des Neiges"
Un troisième album détruit
Ce qui est fascinant avec Amy Winehouse, c'est qu'elle a réussi à devenir un grand nom de la musique, en seulement 11 ans de carrière et deux albums. Mais quelques temps avant sa mort, la jeune musicienne comptait bien sortir un troisième opus. En effet, cette dernière venait tout juste de terminer 14 morceaux inédits, qui constitueraient le nouveau chapitre de sa carrière. Malheureusement, Amy Winehouse est décédée le 23 juillet 2011, des suites d'une overdose.
Face à ce décès tragique, Universal Music va prendre une décision qui déclenchera la colère des fans : le patron de la branche britannique, David Joseph, détruira lui-même les enregistrements, prétextant qu'il voulait à tout prix éviter que la voix d'Amy Winehouse soit utilisée après sa mort.
«La morale l'imposait. [...] Je n'aurais pas pu cautionner qu'on emprunte une partie d'un enregistrement ou même seulement sa voix. Maintenant personne ne pourra être tenté de le faire.» - David Joseph
Une décision qui a été prise par un seul homme... Et qui reste un peu contradictoire, quand on sait que 4 mois après la disparition de la chanteuse, un album posthume "Lioness : Hidden Treasures" sortira. Un album diffusé par Island Records, une société d'édition musicale qui appartient... à Universal Music.
Un dernier duo avec Tony Bennett
On vous le disait juste en haut : Amy Winehouse a grandi, grâce à son père, avec les voix des plus grands crooners américains de jazz. Si Mitch était un fan inconditionnel de Frank Sinatra, il adorait aussi Tony Bennett. Alors quand, en 2011, le crooner a enregistré son album "Duets II : The Great Performances" et qu'il a demandé à l'interprète de "Back in Black" de l'accompagner, elle a sauté sur l'occasion, malgré ses soucis de santé.
Dire qu'elle était nerveuse face à son idole serait un euphémisme. Mais très vite, la musicienne trouve son rythme, et signe avec Tony Bennett un titre légendaire, une reprise du classique "Body and Soul". Une performance que le musicien n'est pas prêt d'oublier, comme il l'écrit dans ses mémoires "Just Getting Started" en 2016.
« Elle a pris l'esprit du jazz et l'a fait briller de nouvelles façons, pour une nouvelle génération. Elle avait la voix d'un ange : un être qui travaille sur un plan plus élevé que celui que la plupart d'entre nous habitant ici-bas. » - Tony Bennett