La nouvelle est tombée ce lundi 30 septembre 2024 : Jacques Réda est décédé. C’est la maison Gallimard, où il fut éditeur, qui a fait cette difficile annonce. L’homme était une grande figure de la littérature française. Poète lyrique, il laisse une œuvre particulièrement abondante. Cette dernière lui a d’ailleurs valu de prestigieuses distinctions. En 1997, il remporte le Grand prix de la poésie de l’Académie française. Deux années plus tard, en 1999, il remporte également le Goncourt de la poésie. De manière générale, les poèmes de Jacques Réda aiment chanter la beauté et les merveilles cachées de Paris. Il y décrit ses promenades dans la capitale, mais aussi les quartiers oubliés de la ville. Il aime s’y promener et connaître ses moindres détails. En outre, Jacques Réda n’épargne pas les villes de Province, qu’il aime visiter sur son Solex. Certes, son art est très simple en apparence. Pourtant, l’écrivain attache beaucoup d’importance à la poésie traditionnelle. Dans son ouvrage “Celle qui vient à pas légers”, publié en 1986, il exprime ses réflexions sur la poésie, avec un certain regret :
“Qui se soucie encore du ‘e’ muet, mâché ou sonore, de l’alternance des rimes masculines et féminines, du hiatus et de la diérèse ?”.
Néanmoins, la poésie est loin d’être le seul amour de Jacques Réda.
Une véritable addiction au jazz
C’est le 24 janvier 1929 que commence l’histoire de Jacques Réda avec le jazz. En effet, à cette date, l’écrivain voit le jour à Lunéville, une petite ville de Lorraine. Les fanfares y sont monnaie courante, et la musique s’insinue petit à petit dans l’esprit du jeune Jacques. Par la suite, il s’initie au plain-chant, dans un collège jésuite d’Évreux, où il poursuit ses études durant la guerre. Mais c’est en 1944 que tout se joue pour Jacques Réda, puisqu’il découvre le jazz à la radio. Il décrit ce genre comme la seule musique “faite pour son cœur et ses nerfs”. En 1953, il s’installe à Paris, après avoir pratiqué le droit. En 1978, il devient lecteur chez Gallimard, puis rejoint le comité de lecture de la prestigieuse maison d’édition. De 1987 à 1995, il occupe le poste de rédacteur en chef de la NRF. En attendant, son amour pour le jazz ne l’a jamais quitté. Pendant plus de cinquante ans, il écrit des chroniques pour Jazz magazine. En 2017, lors d’un entretien accordé au journal Le Monde, l’écrivain évoque même “une toxicomanie musicale”, ainsi qu’une “passion pour le battement”. Jacques Réda aime donc créer un parallèle entre ses deux arts favoris, que sont la musique et la poésie. Cela lui a longtemps permis de rester en vie. Toutefois, en tant qu’être humain, la mort est inéluctable. En tirant sa révérence à l’âge de 95 ans, Jacques Réda en a fait les frais. Nous souhaitons beaucoup de courage à sa famille et à ses proches dans cette difficile épreuve.