Qui n'a jamais entendu parler de Django Reinhardt, véritable légende de la guitare ?
Bien qu'il soit décédé il y a maintenant plus de 70 ans, son nom continue d'inspirer les musiciens du monde entier, et sa musique de faire frémir les plus grands guitaristes. Mais alors, comment expliquer son génie ? Pourquoi lui, plutôt qu'un autre ? C'est ce que nous allons tenter d'expliquer aujourd'hui sur Jazz Radio, avec les 5 raisons qui font de Django Reinhardt une référence absolue de la guitare !
Le père du jazz manouche
Django Reinhardt est souvent considéré - à raison - comme le père du jazz manouche, un style de musique qui vient marier les influences jazz américaines classiques aux musiques traditionnelles tsiganes d'Europe de l'Ouest. C'est au sein même de sa propre famille de gitans que le petit Django va puiser son inspiration, développant très rapidement un certain talent pour la guitare.
Aussi appelé gypsy jazz, le jazz manouche se caractérise par un swing accoustique et des harmonies riches, que l'on joue souvent en petites formations, avec guitares, violons et contrebasses. En 1934, Django fonde le Quintette du Hot Club de France, un groupe de jazz français devenu populaire en intégrant des influences de swing américain à la profondeur émotionelle des musiques tsiganes.
Grâce à lui, le jazz manouche a gagné une reconnaissance internationale, le rendant accessible à un large public. Un style de musique qui continue, encore aujourd'hui, à influencer de nombreux musiciens, à l'image de Thomas Dutronc, qui lui rend un bel hommage dans son dernier album.
Une technique de jeu unique en son genre
Quand on pense à Django Reihardt, on pense surtout à son style inégalable, un jeu unique qui a fini par devenir sa marque de fabrique. Pourtant, le monde entier aurait pu passer à côté de ce jeu rapide et incisif. Comme on vous l'expliquait dans notre Histoire de Jazz, Django a failli ne jamais retoucher à une guitare de sa vie, à cause d'un incendie. Sa main gauche était tellement abîmée qu'il a perdu l'usage de deux doigts. Autant vous dire que les médecins n'étaient pas très optimistes quant à son avenir dans la musique...
Mais Django ne s'est pas laissé aller, et après des heures de travail, jours après jours, il a réussi à trouver une nouvelle technique pour jouer, en utilisant principalement son index et son majeur pour les accords, tandis que ses deux doigts paralysés jouaient un rôle très limité. Cette nouvelle contrainte, Django en a fait sa plus grande force, une force qui l'a poussé à développer une incroyable agilité dans ses mouvements et à exploiter des positions d'accords et des gammes beaucoup moins conventionnelles. Un style novateur et audacieux, qui est devenu sa signature musicale.
Un don pour l'improvisation
Grâce à son style unique et novateur, Django Reinhardt a développé un certain talent pour l'improvisation. Après son accident, le musicien a pris une décision radicale : plutôt que de se concentrer sur la virtuosité technique, plus difficile à atteindre avec ses deux doigts paralysés, Django décide tout miser sur son instinct, sa créativité, et sa ténacité. Et ça marche : Django Reinhardt se démarque en développant un jeu unique, qui favorisait des accords rapides et laissait beaucoup de place à la spontanéité.
En résumé, Reinhardt avait une capacité impressionnante à se détacher des partitions, et à inventer des phrases musicales de façon totalement improvisé, captivant son public avec ses envolées imprévisibles et ses harmonies inattendues. Ses improvisations, que l'on peut reconnaître dans des morceaux comme "Minor Swing", "Nuages" ou encore "Djangology", ont marqué l'histoire du jazz.
Un son à la "Django"
Les amateurs vous le diront : Django possédait un son reconnaissable entre mille, forgé par plusieurs éléments distinctifs. D'abord, une guitare acoustique emblématique, la "Selmer Maccaferri", réputée pour ses cordes en acier, qui produisaient un timbre percussif, vif et brillant. Ensuite, son style était marqué par des attaques et des arpèges rapides, une utilisation intense de glissandos, de gammes mineures et de trémolos, ce qui donnait à sa musique une fluidité unique et singulière.
Après son accident, Django a du développer une technique bien à lui, ce qui a rendu ses phrases mélodiques à la fois innovantes et particulièrement articulées. Le son de Django reste emblématique dans le monde du jazz manouche et continue d'influencer des générations de guitaristes à travers le monde.
Un maître pour de nombreux musiciens
Et justement, en parlant d'héritage. À sa mort, Django Reinhardt a tellement laissé son empreinte dans le monde du jazz, et de la musique en général, que de nombreux musiciens l'ont pris comme modèle et se sont inspirés de son jeu virtuose. On peut citer notamment Wes Montgomery, Pat Metheny, Charlie Christian, ou encore George Benson. En France, des artistes comme Biréli Lagrène ou Stochelo Rosenberg perpétuent aujourd'hui la tradition du jazz manouche.
Et si on pourrait croire que seuls les jazzmens étaient fans de lui, détrompez vous ! Des artistes comme Carlos Santana, Jimi Hendrix, Jeff Beck ou encore Eric Clapton ont tous reconnu à l'unanimité l'influence de Reinhardt dans leur propre jeu de guitare. On peut aussi penser à Keziah Jones et son "blufunk", mélange fusion rock et jazz, et John McLaughlin comme disciplies de Django. En réalité, son héritage va bien au-delà de la guitare : il a redéfini le rôle de cet instrument dans le jazz et a ouvert la voie à de nouvelles formes d'expression musicale.
Au-delà de ses compositions et de ses enregistrements, l'influence de Django est encore bien présente aujourd'hui. De nombreux festivals, comme le Festival Django Reinhardt, et même des distinctions prestigieuses, comme le prix Django-Reinhardt décerné par l'Académie du jazz célèbrent son œuvre et son impact sur la musique. En un mot : une légende éternelle.