Pour cette nouvelle édition et pas des moindres, l’organisation du Festival du cinéma américain de Deauville entreprend de nombreux changements, notamment en matière de direction. Désormais, c’est Aude Hesbert qui prend la direction de l’événement. Elle succède donc à Bruno Barde, en retrait après des accusations d’agressions sexuelles, publiées dans Mediapart. Elle explique dans La Tribune du Dimanche : “À l’annonce de la composition du jury, le 8 août dernier [2024], il y a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias, un malade s’est installé dans l’équipe, déjà meurtrie par l’affaire précédente”. Elle ajoute :
“Ce n’est pas à moi de juger, punir ou condamner, mais la présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour la bonne tenue, sereine, d’un festival qui fête son 50e anniversaire, qui est aussi ma première édition et que je souhaite porter avec clarté et transparence”.
Face à cette annonce, l’avocate d’Ibrahim Maalouf, Me Fanny Colin, s’est exprimée dans un message transmis à l’Agence France-Presse :
“Le festival de Deauville sacrifie un innocent sur l’autel du principe suprême ‘The show must go on’ pour des intérêts mercantiles”.
Elle continue : “Le festival a demandé à Ibrahim Maalouf de se ‘retirer en toute discrétion’, ce qu’il a évidemment refusé. C’est omettre, en effet, que relaxé et reconnu publiquement innocent, c’est tout aussi publiquement et devant les tribunaux qu’il combattra cette éviction injuste et déshonorante pour ses auteurs”. De son côté, le musisien a tenu à livrer un message poignant sur son compte Instagram. Il écrit :
“TROP C'EST TROP. Rdv devant les juges”.
Un scandale qui ne semble pas avoir dit son dernier mot !
Ibrahim Maalouf, relaxé en appel
Pour rappel, le trompettiste franco-libanais avait été accusé d’avoir agressé sexuellement une collégienne de 14 ans, en 2013. La jeune fille, en stage au moment des faits, avait déclaré que le musicien l’aurait embrassée une première fois, un soir, à la sortie d’un cinéma. De son côté, l’artiste avait déclaré qu’elle serait à l’origine du baiser, assurant avoir repoussé ses avances. Selon la version de la plaignante, deux jours plus tard, Ibrahim Maalouf l’aurait une nouvelle fois embrassée, devant son studio d’enregistrement d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Il l’aurait également “attrapée par le bassin”, mimant un acte sexuel. Le musicien avait démenti ces accusations. Les faits avaient été signalés par les parents de la jeune fille, en 2014. Cette dernière avait commencé à se scarifier, mais aussi à souffrir de troubles alimentaires, entraînant de nombreuses hospitalisations et thérapies. Une enquête avait été ouverte, débouchant sur le placement en garde à vue d’Ibrahim Maalouf, en janvier 2017. En décembre 2018, il est condamné à quatre mois de prison avec sursis et à 20 000 euros d’amende, en première instance. Toutefois, il est relaxé en juillet 2020 par la cour d’appel de Paris.