Le célèbre artiste des années 80 Jean-Michel Basquiat était un grand fan de jazz. Il a puisé dans ce genre musical, ses rythmes et ses mélodies afin de créer des œuvres symboliques riches en complexité. Il demandait d'ailleurs aux journalistes :
"Je ne sais pas comment décrire mon travail. C’est comme demander à Miles Davis : comment sonne votre trompette ?"
La musique a été partie intégrante de sa vie, Basquiat a été bercé par les disques de son père dès son plus jeune âge. En grandissant, l'artiste a soif d'apprendre et s’essaye à plusieurs instruments comme le synthé, la clarinette ou encore la cloche… Mais son véritable engouement pour la musique se retrouve davantage dans sa pratique picturale où il rend hommage à cette passion avec des petits détails et différentes références aux artistes révolutionnaires de son temps. Pour preuve, sa peinture "Now’s The Time" renvoie à un titre de Charlie Parker. Le nom de Dizzie Gillepsie traîne sur certains de ses tableaux et Billie Holliday a eu le droit à deux portraits en miroir.
The horn players, de 1983.
"Basquiat, comme Charlie Parker, comprenait la magie de la citation. Il comprenait l’ironie dans l’abstrait. Il peignait en rythme. Il figeait sur la toile le tempo que l’on peut reprendre là où il s’est arrêté, en suivant le rythme. L’essence même de l’œuvre de Basquiat est ancrée dans le jazz" affirme Glenn O’Brien dans Basquiat Soundtracks.
Pour Basquiat, la musique était un message, il s'en est d'ailleurs souvent inspiré pour créer des œuvres colorées souvent porteuses de messages forts notamment en rapport à la réalité brutale du racisme vécu par les artistes noirs. Le peintre se passionne alors peu à peu pour divers genres musicaux tel que l’opéra, la musique classique, le jazz, le be-bop, le hip-hop et le rap. Émergeant parmi la communauté artistique du New York de la fin des années 1970, le talent de Jean-Michel Basquiat se révèle à la jonction de deux vagues musicales majeures : la no wave et le hip-hop. Il s’investit dans la communauté artistique au point de produire un single de rap intitulé "Beat Bop" en 1983.
Trumpet, de 1984.
Mais c'est sans doute le jazz qui occupe la place la plus essentielle dans la peinture de Basquiat. L’artiste reprend les principes du genre et de sa variation, avec des motifs et mots récurrents ou encore des ratures, créant ainsi des imperfections réfléchies. Cela sonne comme les notes ciselées d'un musicien au milieu d'un chœur, les images et les paroles de Basquiat leur donnent alors un sens à travers le contexte.
Peu avant sa disparition en 1988, Basquiat possédait des milliers de disques, dont une majorité de jazz, qu'il appréciait écouter lors de ses réalisations. Une collection à retrouver du 6 avril au 30 juillet 2023 à la Philharmonie de Paris, autour de l'exposition Basquiat Soundtracks consacrée à la relation puissante de Jean-Michel Basquiat à la musique.
- Laurie Dubois.