Le monde du jazz est en deuil. Wayne Shorter, saxophoniste de génie, considéré comme un des plus grands musiciens de jazz et l'un de ses plus grands compositeurs vient de mourir à l'âge de 89 ans. C'est le New York Times qui a publié l'information, citant l'attaché de presse de Shorter, Alisse Kingsley. Celui-ci s'est éteint ce jeudi 2 mars à Los Angeles sans que l'on connaisse les causes exactes de son décès.
Fort d'une carrière de plus de 50 ans, Wayne Shorter a joué avec les plus grands comme Miles Davis, Art Blakey, Joni Mitchell et Carlos Santana. A leurs côtés mais également seul, il a révolutionné le jazz et a largement influencé ses différentes évolutions et transformations, notamment durant les années 60 et 70, qu'il mène lui-même un orchestre ou qu'il accompagné d'autres pointures du genre.
C'est en 1964 que sa carrière prend un énorme tournant avec l'album "Speak No Evil" qui le fait passer au premier plan. Mais, cela faisait longtemps déjà qu'il était là, dans l'ombre, comme directeur musical des Jazz Messengers d’Art Blakey ou comme simple membre du Miles Davis Quintet. C'est d'ailleurs à cette période qu'il trouve son propre style, fait de mélanges d'harmonies complexes mais mélodiques qui a permis au groupe de Miles Davis de franchir les frontières autrefois closes entre jazz acoustique, le jazz électrique et le rock en réussissant presque une synthèse de tout cela ou tout simplement en mélangeant les styles. C'est d'ailleurs en poursuivant sa fusion des genres qu'il créé le groupe Weather Report qui deviendra lui aussi mythique.
Cité par Ouest-France, le journaliste Franck Bergerot, auteur de plusieurs livres sur Miles Davis explique :
"Même si ça n’est pas un chef de file, comme John Coltrane ou Charlie Parker, qui tout d’un coup ont montré la voie, il a apporté beaucoup à l’histoire du jazz. C’est un personnage, un poète, quelqu’un de complètement à part, qui a contribué à de grandes histoires puisqu’il a été le directeur musical d’Art Blakey et un compositeur important. Par rapport aux voix plus viriles du hard bop, il a incarné une sorte de voix médiane, un discours un peu plus rêveur."
On ne pouvait pas rendre meilleur hommage à Wayne Shorter qu'avec quelques-uns de ses excellents morceaux