CURTIS MAYFIELD
Né à Chicago en 1942, Curtis Mayfield a grandi dans un milieu très défavorisé dans les cités de Cabrini-Green – l’un des ghettos les plus sinistrés de la capitale du Midwest. N’ayant pas une grande attirance pour l’école, Curtis se passionne pour la musique. La mode est aux groupes vocaux et il participe à l’aventure des Alphatones qui cherchent à se faire connaître en chantant pour les passants sur les trottoirs de leur quartier. Pour compléter sa formation, il monte surtout avec trois de ses cousins, les frères Hawkins, un ensemble baptisé les Northern Jubilee Gospel Singers qui se produit le week-end dans les églises du ghetto. Curtis est le guitariste attitré du groupe dont le leader est le très jeune Jerry Butler. La musique religieuse est gratifiante d’un point de vue spirituel, mais elle n’apporte que rarement la gloire et la fortune ; en accueillant de plus en plus de transfuges du gospel, le rhythm & blues est un domaine prometteur que Mayfield et Butler investissent après avoir fait la connaissance des Roosters, un ensemble dont les membres originaires du Tennessee ont choisi de tenter leur chance à Chicago. L’entente est immédiate et une version recomposée des Roosters prend le nom des Impressions. Le groupe est lancé par Vee-Jay Records, qui est la première maison de disque noire américaine avant l’apparition de Motown à Detroit, en vendant près d’un million d’exemplaires de « Far your precious love ». Du fait que ce succès ne soit trop souvent attribué qu’à Jerry Butler, de profonds désaccords se forment au sein des Impressions et après une période difficile les Impressions renaissent en signant chez ABC Paramount ce qui met un terme à la collaboration avec Jerry Butler. La composition « Gypsy Woman » de Curtis relance le groupe dès 1961 qui connaîtra une grande popularité tout au long de la décennie avec l’incroyable production de tubes mêlant intelligemment soul, textes d’une grande sensibilité et arrangements de qualité de Johnny Pate.
Après avoir monté en 1966 ses propres labels « Mayfield Records » et « Windy C », des problèmes de distribution le poussent à les fermer mais Curtis ne renonce pas à son projet et lance en 1968 la marque « Curtom » accompagné de Fred Cash et Sam Gooden des Impressions, ainsi que Johnny Pate, Donny Hathaway et Eddie Thomas, son manager. Le label se consacre essentiellement aux Impressions et relance leur carrière dès 1968 avec des morceaux comme « Fool for You », « This is my Country » et « Choice of Colors ». Curtis Mayfield décide d’entamer une carrière solo en 1970 toujours dans la Soul, tout en poursuivant l’écriture de compositions pour les Impressions. Cette nouvelle ère pour l’artiste débute avec l’album « Curtis » qui affirme l’identité du nouveau « son Mayfield » : des morceaux riches mêlant des paroles engagées avec une instrumentale composée de guitare wah-wah, ligne de basse rondement menée et cuivres incisifs. Le succès de ce premier album est suivi par la sortie de 33 tours qui ne connaissent pas la même réussite commerciale : le single « Get Down » tiré de l’album « Roots » doit se contenter d’une place dans le top 20 afro-américain en 1971. Curtis ne s’inquiète pas vraiment de la situation, déterminé à penser au même titre qu’un certain Isaac Hayes, que l’avenir de la soul passera par le LP. C’est en 1972 qu’il connaît l’apogée de sa carrière en composant son plus gros chef d’œuvre, la BO du film « Superfly » après avoir remarqué l’émergence de la mode des « blaxploitation movies ». L’album est caractérisé par des paroles très engagées et une forte critique de la politique du gouvernement envers la communauté noire, les ghettos… ce qui est une première dans les bandes originales de films de blaxploitation. Le magazine « Rolling Stone » déclarera même que « le message anti-drogue de Mayfield est bien plus fort en réalité que le film lui-même ». Dès la fin de l’été 1972, l’album connaît un succès considérable et se place en tête des classements des meilleures ventes de disques dans les catégories Soul et Pop. « Superfly » devient avec « What’s going On » de Marvin Gaye et « Innervisions » de Stevie Wonder le symbole de la nouvelle conscience sociale et du nouveau style funky : Curtis devient alors l’un des compositeurs afro-américains les plus demandés d’Hollywood.
La décennie suivante marque un tournant dans la carrière de Curtis : le R&B se transforme avec l’arrivée du Hip-Hop et le musicien se met alors en retrait, enregistrant de rares albums que ses maisons de disques peinent alors à commercialiser. Il sort ensuite de son isolement alors que la Soul semble renaître à la fin des années 80 en signant avec le label « Ichiban » la réédition de la plupart de ses anciens disques. Malheureusement, la vie décide de le frapper à cette période : le 13 août 1990, c’est lors d’un concert à Brooklyn qu’un projecteur lui tombe dessus et le rend paralysé ce qui l’empêche de jouer de la guitare. Il continue cependant à écrire et chanter mais il doit être amputé d’une jambe en 1998 et décède le 26 décembre 1999 à Roswell en Géorgie.
Discographie
1970 Curtis
1971 Roots
1972 Superfly
Rapping
1973 Back to the World
Curtis in Chocago (live)
1974 Got to Find a Way
Sweet Exorcist
1975 Let’s Do It Again
There’s No Place like America Today
1976 Give Get Take Have
1977 Never Say You Can’t Survive
Short Eyes
1978 Do It All Night
1979 Heartbeat
1980 Something To Believe In
The Right Combination
1983 Honesty
1985 Come In Peace
1987 Live In Europe
1990 Take It to the Streets
1994 BBC Radio 1 in Concert (live)
Live In New-York City
Live
1995 Live at the Bit
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